Écoutes de Spectacles

L'Espace Dernier

 • Paris • 23/02/2004
Orchestre de l'Opéra National de Paris
Choeur de chambre Accentus
Kwamé Ryan (dm)
Michael Simon (ms,d,l)
Ron Thornhill (chg)
Anna Eiermann (c)
Dominik Rinnhofer (v)
soprano aigu  :  Elizabeth Keusch
soprano dramatique  :  Jeanne-Michèle Charbonnet
soprano lyrique  :  Iride Martinez
mezzo-soprano  :  Klara Csordas
ténor spinto  :  Graham Clark
baryton-basse de caractère  :  Gidon Saks
la Femme  :  Anne Bennent, comédienne
l'Homme  :  Jean Sasportes, comédien

La bonne nouvelle, c'est que ce spectacle ne dure qu'1h40. La mauvaise, c'est qu'il n'y a pas d'entracte.
Pas de narration non plus, mais un tissage d'extraits de poèmes, dont l'on s'acharne en vain à tenter de percevoir la poésie, disloqués qu'ils sont en bribes, parcourus de grincements de cordes, d'éructations de cuivres, de ronflements de basses, et répartis entre chanteurs s'égosillant et comédiens dansant dans un décor éternellement noir ou métallique.
C'est un spectacle en noir et blanc, avec beaucoup plus de noir que de blanc. Blanche la craie avec laquelle sont écrites des bribes de poèmes sur des tableaux noirs, blanches les robes des choristes perruquées de blond, toutes clonées de la soeur de Rimbaud.

Le spectateur dispose donc d'1h40 pour méditer. Pintscher le dit lui-même : «Ce qui va se transmettre à l'auditeur est pour moi une énigme absolue.» Voici donc, à toutes fins utiles, ce qui s'est transmis à moi :

Mais cette perception personnelle n'est en fait pas plus négative que ce que Matthias Pintscher lui-même disait de son oeuvre dans Le Monde du 22 février :
«L'Espace Dernier commence là où il finit, dans la même intensité et sans le moindre développement autre que celui lié à la perception de son déroulement, à la familiarisation progressive avec un dispositif de signes reconnus comme déjà vus ou entendus. C'est une oeuvre lente, profondément dépressive, où les personnages (...) ne se définissent qu'à travers des fragments de textes, des détails en lambeaux. Une oeuvre qui constate l'inutilité de tout mouvement dans la décomposition de Rimbaud et sa putréfaction.»

Somme toute, j'ai peut-être apprécié L'Espace Dernier à sa juste valeur, tel que son créateur l'a voulu !