Écoutes de Spectacles

Messiaen - Harawi C

 • Paris • 12/12/2008
Maria Virginia Savastano, soprano
Ugo Mahieux (piano)

Aimery Lefèvre, baryton
Ugo Mahieux, piano

Julie Mathevet, soprano
Ugo Mahieux (piano)

Isabelle Cals, mezzo-soprano
Jean-Marc Bouget, piano


Isabelle Cals - Photo © Lisa Kohler

Ce concert fait partie d'une très intéressante semaine autour des "Voix d'Olivier Messiaen", présentée au Théâtre de l'Athénée à l'occasion du centenaire de la naissance du compositeur. Organisée en collaboration avec l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris, la soirée a permis d'entendre des élèves anciens ou actuels de cette école.

En première partie, les élèves en cours d'études ont présenté des pièces de Mozart et Debussy, compositeurs appréciés par Messiaen. Maria Virginia Savastano chante très joliment Mozart, puis deux français présentent des mélodies de Debussy. Aimery Lefèvre a une émission encore artificiellement grossie, comme souvent les jeunes voix masculines. Il en résulte des appuis sur son larynx (qui oscille au rythme de son vibrato) et une tension de la mâchoire. Il se détend peu à peu mais son interprétation peut encore mûrir. Julie Mathevet manque d'appoggio. Cela lui fait appliquer une pression excessive directement sur ses cordes vocales, occasionnant des notes étranglées (resserrées en "heller Knödel") ou mal tenues. Quand Aimery Lefèvre écrase un peu son larynx en le maintenant trop bas, Julie Mathevet laisse trop monter le sien. Le timbre clair qui en résulte contraste trop avec ses passages en voix de poitrine. Parfois trop large au fond de la bouche, elle manque par contre de connexion verticale entre une résonance plus haute et concentrée et une action expiratrice plus basse, équilibrée par un léger antagonisme des muscles inspirateurs.

En seconde partie, Isabelle Cals, ancienne élève de l'Atelier Lyrique de l'Opéra de Paris, triomphe du très exigeant cycle Harawi, pour "grand soprano dramatique et piano", grâce à une parfaite maîtrise technique mais aussi bien sûr grâce à l'intensité de son engagement dramatique et de sa concentration. On ne peut lui reprocher qu'une diction parfois peu claire, mais Messiaen n'est heureusement pas ennemi de la redite, ce qui fait que l'on finit par tout comprendre ! On doute quand même un peu de l'évolution annoncée d'Isabelle Cals vers le soprano, tant sa belle couleur vocale reste celle d'une mezzo, avec une homogénéité remarquable sur toute la tessiture et une parfaite connexion avec son grave.