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Der Rosenkavalier OC | Paris | Théâtre des Champs-Élysées | 04/02/2009 |
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Christian Thielemann (dm) |
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Salle comble, ovation debout, cela était prévisible à la lecture du programme. Ce Chevalier à la Rose réunit en effet une distribution d'anthologie. L'orchestre séduit aussi dès l'ouverture par la personnalité de ses cuivres puis de ses flûtes, qui semblent être des personnages de chair et non de simples lignes musicales dévolues à tel ou tel instrument. On s'imagine dans la forêt de Siegfried, fort heureusement car que resterait-il de Strauss sans séduction orchestrale? Hofmannstahl est sur la même longueur d'ondes : il recrée dans son livret un univers aristocratique imaginaire, qui un siècle après nous semble avoir été réel : il a rejoint, parmi notre imaginaire viennois, Sissi l'impératrice et les valses de Johann Strauss. Sur ce livret, Richard Strauss déverse ses ruissellements cristallins et déploie ses nappes sonores d'avant les synthétiseurs, ses reflets à l'infini d'avant le minimalisme. Il crée une oeuvre que l'on croit classique alors qu'elle était neuve et succédait aux tentatives fort différentes de Salome et Elektra. Une oeuvre que l'on croit complexe alors que les procédés y affleurent très près de la surface. Hofmannstahl l'a accompagné dans sa recherche, en écrivant le livret du Chevalier après celui d'Elektra. L'acoustique du TCE est ce soir bien mise à profit par l'orchestre philharmonique de Munich, sans dureté ni saturation. Il est vrai qu'habitué au Gasteig et à ses réverbérations excessives, il doit avoir l'habitude de laisser respirer la musique sans la brutaliser. L'orchestre est donc très efficacement sonore sans clinquant et sans noyer les voix. Si c'est à l'opéra de Munich et par son orchestre qu'il faut avoir vu le Rosenkavalier, son interprétation coule aussi de source pour l'orchestre philharmonique de la ville. Cette version de concert présente aussi l'intérêt d'avoir été rodée fin janvier à Baden-Baden, justement dans la mise en scène d'Herbert Wernicke régulièrement reprise à la Bastille depuis 1997. Les chanteurs en tirent parti pour interagir et nous faire profiter de leurs expressions et même de quelques gestes. Franz Hawlata est toujours un excellent Ochs, moins "hénaurme" qu'en 1997, donc peut-être plus près des désirs de Strauss, qui ne voulait pas qu'on le rende trop vulgaire? Si lors de la reprise de 2006 son grave semblait moins sonore, certains aigus ce soir sonnent bouchés, mais c'est un détail face à son incarnation du personnage. Alain Zürcher |