Écoutes de Spectacles

Ezio OC

 • Paris • 14/11/2009
Fulvia  :  Veronica Cangemi
Onoria  :  Kristina Hammarstroem
Ezio  :  Lawrence Zazzo
Valentiniano  :  Sonia Prina
Varo  :  Antonio Abete
Massimo  :  Vittorio Prato

Le théâtre des Champs-Élysées poursuit son cycle d'opéras de Haendel avec cette oeuvre peu connue. Dès l'ouverture, Ezio est très prévisible. Après un premier acte bien fade, l'acte II offre quelques airs plus aboutis, mais la tension dramatique peine à se maintenir jusqu'à la fin. Les musiciens du Kammerorchester Basel n'ont pas non plus une justesse d'attaque et une précision exemplaires. Ancien assistant de René Jacobs, Attilio Cremonesi n'en a pas acquis le sens de l'architecture d'ensemble ni l'instinct dramatique. Peut-être René Jacobs aurait-il travaillé une palette plus riche pour colorer ces airs souvent standard, quitte à en réorchestrer quelques-uns?

Après le charmant et léger Quel finger affetti, La mia costanza est le premier air de la soirée qui soit joué avec énergie. Veronica Cangemi s'en sort bien, touchant ou repoussant les limites de ses possibilités vocales. Ecco alle mie catene offre lui aussi une belle partie orchestrale, avec plus d'attention à la peinture des passions que pendant l'acte I. Lawrence Zazzo y déploie un timbre superbement riche et rond. Dans son air suivant Se la mia vita, Haendel nous fait entendre successivement tous les pupitres, concertant tour à tour avec la voix.

La distribution réunit des habitués de ce répertoire et du théâtre des Champs-Élysées. Sonia Prina est efficacement égale à elle-même, maîtrisant sans problème des airs comme le vigoureux Per tutto il timore. Lawrence Zazzo, au sommet de son art, offre la voix de contre-ténor la plus pleine du moment. Veronica Cangemi est elle aussi en pleine forme, de plus en plus solide alors qu'elle n'était naguère que touchante. La voix d'Antonio Abete a par contre passé son optimum. Elle devient âpre comme un bon vin qu'on a trop attendu. La nasalité y tient lieu de tanins trop rudes qui survivent à la pâte sonore disparue. Dommage pour les beaux airs vocalisants que Haendel a écrit pour Montagnana, avec les habituels sauts d'octave que ce chanteur devait particulièrement affectionner.

Vittorio Prato a la chance d'incarner un des rares rôles de Haendel pouvant être chantés par un baryton lyrique : Massimo a été créé par un ténor. Il la gâche malheureusement en grossissant sa voix. S'il élargit à l'excès ses passages lents et graves, il ne peut maintenir ce grossissement dans l'aigu et les passages rapides, qu'il décolore donc d'une manière fort peu homogène. C'est dans le récit de son air du troisième acte qu'il adopte l'émission la plus naturelle, avant de la sombrer à nouveau dès le début de l'air. Peut-être n'est-il victime que d'une erreur de distribution, Massimo étant tout de même plus facilement chanté par un ténor? Au premier acte, son bel air Se povero il ruscello offre aux étudiants en chant l'occasion de le comparer avec la version bien connue de Vaccai.
Récemment appréciée ici-même dans le Xerse de Cavalli, Kristina Hammarstroem est toujours superbe.