Écoutes de Spectacles

Karine Deshayes C

 • Paris • 22/03/2018
Karine Deshayes, mezzo-soprano
François Chaplin, piano
François Salque, violoncelle

L'Auditorium du musée d'Orsay célèbre le centième anniversaire de la mort de Claude Debussy avec le cycle de concerts "Debussy en liberté" du 1er février au 17 mai.
Stéphanie d'Oustrac, souffrante, a dû annuler sa participation au concert de ce soir. On peut remercier et féliciter Karine Deshayes d'avoir accepté de la remplacer et de reprendre une partie de son programme.

L'intéressant programme, sous son apparence de familiarité, présente des pièces en fait très éclectiques, écrites à différents moments de leurs vies par des compositeurs que tout sépare.

Si les interprètes leur donnent un semblant d'unicité, on peut ne pas adhérer à leur vision ou à la technique qu'ils mettent au service de celle-ci. François Chaplin et François Salque, partenaires réguliers de musique de chambre, présentent des caractéristiques communes avec un jeu un peu lourd au rythme irrégulier et aux brusques variations de tempo, parfois difficiles à justifier. François Chaplin impose une belle densité sonore que flatte la chaude acoustique de l'auditorium, tandis que François Salque au violoncelle use et abuse du vibrato. Après l'entracte, la peu passionnante sonate de Fauré les inspirent paradoxalement davantage, et ils donnent une interprétation plus en finesse de sa charmante Sicilienne.

Après un rêve est présenté en alternance dans sa transcription pour violoncelle et dans sa version d'origine pour voix. En bis, Élégie de Massenet réunit les trois instruments comme souhaité par le compositeur. Il est curieux que dans les deux cas, François Salque tienne à prendre des tempi beaucoup plus rapides que la chanteuse, et à phraser sans donner même l'idée des respirations nécessaires à la voix humaine. Mais après tout, pourquoi jouer une trancription si c'est pour copier servilement des contraintes qui ne sont pas les siennes ? Il est plus regrettable qu'un manque probable de répétitions suscite un important décalage entre le violoncelle et la voix dans l'Élégie.

C'est dans Duparc que Karine Deshayes semble le plus à son aise, pouvant laisser s'épanouir ses qualités lyriques. Un peu bousculée d'abord par une Invitation au voyage lancée à l'allure d'un TGV, elle s'y adapte très vite et nous emporte à sa suite, sur les ailes de la musique !

À écouter sur France Musique le 22 avril 2018 à 12h.