Boh�me, notre jeunesse

 • Paris • 09/07/2018
Orchestre Les Frivolit�s Parisiennes
Alexandra Cravero (dm)
Pauline Bureau (ms)
David Bob�e, Emmanuelle Roy (d)
Alice Touvet (c)
Nathalie Cabrol (v)
Bruno Brinas (l)
Mimi  : Sandrine Buendia
Rodolphe  : Kevin Amiel
Musette  : Marie-Eve Munger
Marcel  : Jean-Christophe Lani�ce
Colline  : Nicolas Legoux
Schaunard  : Ronan Debois
Alcindor  : Benjamin Alunni
Gar�on de caf�  : Anthony Roullier

L'Op�ra Comique pr�sente une adaptation de La boh�me de Puccini, destin�e � rajeunir l'image de l'op�ra et � d�mocratiser son acc�s. Le public de ce soir n'est pas encore rajeuni, mais ce spectacle est propos� � un tarif attractif et a d�j� fait l'objet de partenariats avec des lyc�es franciliens. Il est suffisamment l�ger pour pouvoir tourner ensuite en �le-de-France et en province - ou "sur les territoires", comme on doit dire pour toucher des subventions. Il fait ausssi intens�ment participer les jeunes chanteurs de l'Acad�mie de l'Op�ra Comique.

En tant que nouveau regard sur l'oeuvre de Puccini, Boh�me, notre jeunesse est en tout cas convaincante. Elle a �t� enti�rement retraduite en fran�ais, raccourcie et all�g�e de toutes ses sc�nes chorales, mais installe une temporalit� tranquille et compr�hensible, sans �tre en rien un "acc�l�r�" de l'op�ra d'origine. L'orchestre tr�s all�g� se r�partit diff�remment les voix des pupitres d'origine, et est enrichi d'un �trange accord�on. Fr�quent dans les r�ductions plus radicales, il ne s'ajoute ici pas seulement aux percussions mais aussi aux cordes, bois et cuivres, sans oublier la harpe conserv�e !
Dans cette orchestration l�g�re, on remarque d'autant plus que les chanteurs sont tous doubl�s par l'orchestre. L'�criture de Puccini appara�t encore plus mobile et souple, suivant les inflexions de la voix et proc�dant par petites touches que la masse orchestrale noie habituellement.

Le choix d'une traduction souvent prosa�que, destin�e � communiquer simplement le texte � un public non averti, contribue � faire entendre bien des relations inattendues avec le Pell�as et M�lisande de Debussy ! La prosodie n'est pas vraiment malmen�e, mais le placement des syllabes n'est jamais fait pour mettre en valeur le chanteur dans sa vocalit�. Parfois, ce qui �tait un climax dans le phras� de la version italienne tombe � plat sur une incidente insignifiante, ce qui renforce la proximit� avec le sens concret, quotidien mais ausssi humain du texte. L'insupportable kitsch romantique de ces artistes forc�ment "boh�mes" est s�rieusement d�poussi�r�. La charge �motionnelle de l'op�ra de Puccini est conserv�e, mais sans le pathos d�goulinant qu'un orchestre complaisant renforce trop souvent.

Le dispositif sc�nique est intelligent en ce qu'il respecte totalement le livret. Il r�ussit � �tre mobile mais �galement agr�able � l'oeil. Les costumes sont adapt�s, celui de Musette �tant efficacement voyant et les autres n'en rajoutant pas trop dans le dandysme de r�cup�ration.

Le plateau vocal est domin� par les voix f�minines, au nombre toujours de deux seulement, mais qui ont �t� moins coup�es que leurs homologues masculins, afin de r��quilibrer la place de la femme dans l'oeuvre ! L'horrible exclamation machiste de Rodolphe � Mimi, "Tu m'appartiens !", a cependant �tonnamment �chapp� � la volont� revendiqu�e de r��criture f�ministe du livret, peut-�tre pour signaler les �coeurantes pr�mices de sa future jalousie, r�voltante d'un point de vue f�ministe (une femme devant �tre libre), mais finalement excus�e quand elle sert � Rodolphe � d�guiser sa piti� pour Mimi malade.

Marie-Eve Munger convainc d'embl�e dans le r�le flatteur de Musette. Celui de Mimi permet � Sandrine Buendia de d�ployer progressivement une incroyable palette de nuances. Elle sait �tre simple et cr�dible dans le quasi-parl�, mais a aussi une accroche fine et haute de sa voix, d'une efficacit� gruberovienne mais qui rappelle aussi la puret� fragile et touchante de Marie-Paule Dotti en Traviata, qui lui permet des piani �th�r�s � p�mer un lyricomane. La libert� d'un conduit vocal non trafiqu� et la parfaite connexion avec son souffle lui permettent aussi une messa di voce jusqu'� un forte tr�s plein, qui aurait ravi les p�dagogues italiens des si�cles pass�s.

Kevin Amiel sonne d'abord un peu vilain, mais trouve une concentration vocale agr�able et efficace dans sa sc�ne avec le Marcel convaincant de Jean-Christophe Lani�ce au troisi�me tableau.

� voir jusqu'au 17 juillet à l'Opéra Comique, puis en tourn�e.

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