Donner au [i] les qualités du [a]

Les exercices réunis ici sont conçus pour aider un chanteur qui a un bon [a], mais un [i] serré.

Les mêmes exercices peuvent être appliqués à d'autres voyelles. Par exemple : [a] et [o], [O] et [u]...

Ce que j'appelle un [i] serré est un [i] d'un son aigre ou diffus (mêlé de souffle), qui n'utilise pas les résonateurs aussi pleinement et librement qu'un bon [a].
Ce [i] peut provoquer une perte de soutien du souffle, dans la mesure où le soutien bas peut être remplacé par une retenue du souffle au niveau de la mâchoire ou de la langue.
L'air est alors poussé, ou simplement lâché, contre des articulateurs tendus, dans un résonateur bucco-pharyngé resserré.

Pour une discussion des formants vocaliques et de leurs relations avec la conformation des résonateurs, voir Husson (p.43-46), Vennard (p.125-137) ou Miller (p.54-59).

Disons simplement ici que [i] et [a] sont deux voyelles opposées :

Ces rapports entre les formants correspondent aux rapports entre les cavités qui les produisent :

Le signe IPA [a] est ici utilisé "par défaut" pour désigner la lettre 'a'. En fonction de l'exercice ou de la hauteur de la note, [A] pourra lui être substitué.
On peut même affirmer que les "qualités du [a]" sont plutôt celles du [A], mais [A] étant plus éloigné de [i] que [a], il sera plus facile, dans un premier temps, d'utiliser la voyelle [a].

Le but n'est pas de chanter [i] avec la même ouverture de la mâchoire que [a].
Néanmoins, la participation de la langue à la formation du [i] permet à la mâchoire d'être plus ouverte et détendue. Le passage du [a] au [i] en est plus fluide, si du moins la langue est suffisamment agile.

L'exercice [ai], [ia] (quinte) développe cette idée et la met en pratique.

Il est par contre important de rechercher la même ouverture bucco-pharyngée et la même élévation du voile du palais pour [i] que pour [a]. Si ce n'est pas une réalité physique, que ce soit du moins vrai en pensée.

Les exercices [mai] et [lilela] (arpège maj. desc.) développent cette idée et la mettent en pratique.

Vous éprouverez peut-être plus de facilité à former le [i] en fermant la mâchoire dans le grave et le médium de la voix. En effet, l'utilisation de la langue peut introduire des sons transitoires indésirables dans cette tessiture.
Par contre, le [i] formé par la langue peut présenter plus d'homogénéïté avec un [A] plus arrondi. Selon le contexte, on pourra donc préférer l'un ou l'autre [i].

La formation du [i] avec la langue offre certainement plus de facilité dans l'aigu, du moins si vous êtes un adepte de la couverture du son au-dessus du second passage.

En sus des exercices mentionnés plus haut, l'exercice [a], [ja], [ia], [i] peut être un bon début pour cette série d'exercices.

Aidez-vous d'un miroir pour vérifier les mouvements de votre langue !