Re: voix de poitrine/voix de tête
DE | : | Alain Zürcher |
LE | : | 01/06/2003 à 14:03 GMT |
Stéphane Renevey a écrit :
<<le contre-ténor qui utilise aussi sa voix de poitrine utilise les mêmes
mécanismes laryngés qu'une femme, et les mêmes passages laryngés ... donc
mouvement du larynx... >>
Là, c'est un "donc" à la Blivet ! :-D
Passage laryngé signifie changement de mécanisme laryngé, mais pas forcément
mouvement du larynx. Il peut ne s'agir que d'une modification à l'INTÉRIEUR
du larynx, dans le fonctionnement des muscles intrinsèques du larynx.
On notera quand même que Bertrand Chuberre écrit :
<<dans la voix chantée lyrique, la " voix mixte " est un "registre
résonantiel" qui permet de masquer, chez la femme, le passage entre les
mécanismes I et II en jouant sur la durée de fermeture, l'adduction ou la
vitesse de fermeture des cordes vocales et accessoirement sur le vibrato et
la forme des cavités de résonance.>>
Il est étrange de dire qu'un registre résonantiel est "accessoirement"
déterminé par la "forme des cavités de résonance". S'il était vraiment
résonantiel, on pourrait s'attendre à ce qu'il le soit "essentiellement"!
Et jouer sur "la durée de fermeture, l'adduction ou la vitesse de fermeture
des cordes vocales" correspond bien à des modifications au niveau laryngé...
mais apparemment pas suffisantes pour être considérées comme une
modification de MÉCANISME laryngé...
Il faudrait aussi mentionner les recherches de Coffin, plus ou moins
prolongées et étayées par les études scientifiques de Donald (et non
Richard) Miller et de Harm K. Schutte. Elles présentent bien sûr la même
réalité, mais en plaçant les faits et contraintes acoustiques au premier
plan, notamment la conjonction des formants vocaliques et des harmoniques de
la fondamentale chantée.
Un point amusant est que l'on rejoint l'idée empirique évoquée par Blivet
page 118 de "la voie du chant", à savoir des registres constituées par
quintes et quartes, puisque ces subdivisions sont celles de la série des
harmoniques naturels (selon la notation US en vigueur : H1 fondamentale, H2
octave, H3 octave+quinte, H4 deux octaves, H5 deux octaves+tierce, H6 deux
octaves+quinte etc.)
On pourrait aussi rejoindre d'autres théories qui évoquent un nombre plus
grand de registres que ceux évoqués par Bertrand Chuberre. Par exemple, un
baryton qui a un 1er passage (en voix mixte) sur si b et un passage en voix
pleine de tête (voix couverte) sur mi b a peut-être aussi un passage plus ou
moins conscient sur le mi b une octave en-dessous - et le mi b encore une
octave en dessous est peut-être aussi la limite de son grave, au-delà duquel
il serait obligé de passer en "fry".
<< Pour les femmes, je ne comprends pas la différence entre le second
passage et le passage II-III>>
II-III désigne le passage de tête à sifflet, qui est aussi dans la colonne
des passages laryngés. Je ne sais pas pourquoi Bertrand Chuberre le
considère AUSSI comme un passage résonantiel. Peut-être parce qu'il faut
gommer le changement de timbre induit par ce changement de mécanisme... En
ce cas, il faudrait aussi définir une zone de passage... mais la voix de
sifflet est peut-être un mécanisme suffisamment marginal pour que l'on
n'aille pas jusqu'à ce niveau de détail...
Pour ma part, c'est la différence entre les deux passages résonantiels
suivants que je ne comprends pas :
- Mixte - tête (dans le II)
- Second passage (dans le II)
<<qu'entendons-nous par couverture des sons... >>
C'est très bien expliqué sur la même page
(
http://www.lam.jussieu.fr/voix/Atelier9.htm), et bien sûr en de multiples
autres sources.
Je vais envoyer une copie de ce message à Bertrand Chuberre, il serait le
mieux placé pour nous expliquer son exposé de
http://www.lam.jussieu.fr/voix/Atelier9.htm !
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