Re: Rentrée_de_notre_"diva"_nationale
DE | : | Alain Zürcher |
LE | : | 02/07/2003 à 21:57 GMT |
Patrick a écrit :
<< Qui est la diva nationale? car il commence à en avoir un certain nombre,
enfin j'ai quand même une petite idée...>>
Il s'agissait du retour parisien de Natalie Dessay après son opération et sa
rééducation, au théâtre des Champs-Élysées mardi 1er juillet.
Yves Ormezzano a écrit :
<< Passons à des choses plus sérieuses : avez vous la même sensation que moi
(j'étais très bien placé et ai pu bien observer), quant à sa tenue (tronc,
épaules, cou, tête) qui me rappellent exactement l'attitude que l'on peut
observer chez MAria Callas !
Quant à la musicalité et au jeu, quel régal surtout pour la grande scène de
la Folie de Lucia. Ce fut un régal et un festival de frissons. >>
Avec moins d'enthousiasme, je dirais "uniquement pour la grande scène de la
Folie de Lucia". Jusque là, je ne l'avais pas trouvé à l'aise du tout, et il
y avait certes de quoi. C'était un peu paradoxal : elle doit avoir compris
qu'il faut qu'elle soit plus prudente, mais la première partie semblait
justement témoigner d'une forme de prudence qui la raidissait et qui
risquait d'être plus dangereuse que la liberté qu'elle a retrouvé dans
Lucia... Or Lucia est justement le type de rôle dramatique où elle pourrait
craindre de se laisser aller trop loin...
Pour ce qui est de la posture, j'étais inquiet au début car j'avais
l'impression que son cou glissait un peu en avant sur ses vertèbres, un peu
comme je ne sais plus quel volatile de basse-cour. Je la trouvais un peu
tassée et voûtée, mais cela a disparu avec Lucia, en même temps que les
traits tirés et fatigués du début et quand même une certaine laideur vocale,
mais enfin là c'est très subjectif, Callas elle-même étant réputée pour
avoir un timbre particulièrement laid qui ne m'a personnellement jamais
choqué...
Ses attaques du début étaient aussi très appuyées, avec un effort excessif
et un manque de netteté sur le début de son. C'est dommage qu'elle ne fasse
pas d'emblée plus confiance à sa voix. Il y avait aussi parfois de bizarres
petits trous dans le legato et le timbre... Sachant qu'elle a été opérée, je
me demandais, en profane de la chirurgie, si ces petits trous se
produisaient quand elle sollicitait exactement l'endroit de la cicatrice???
Mais dans Lucia, elle s'est à mes oreilles vraiment libérée des craintes et
des fragilités du début. La voix me semblait plus pure, les harmoniques
mieux répartis... Les passages en poitrine semblaient aussi l'aider à se
détendre... ce qui est aussi paradoxal, parce qu'à la fois elle devrait
éviter les rôles trop lourds mais elle bénéficie pourtant de ces passages en
poitrine, que n'offrent pas les rôles entièrement légers.
Quant à la robe, je ne sais s'il avait une signification psychologique :
c'est le genre de robe avec lequel on ne peut qu'avancer et non reculer, car
sinon on s'empêtre dans la traîne...
| Alain Zürcher
| L'Atelier du Chanteur
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