Re: puissance de la voix et staccato
DE | : | Alain Zürcher |
LE | : | 10/02/2004 à 16:20 GMT |
Julien Marc a écrit :
<< *Une question : j'ai des sensations étranges en staccato, comme si je
fermai à ma colonne d'air l'accès aux fosses nasales, fermeture "naturelle"
ressentie comme une petite crispation. en fait je crois que je cherche par
là à ouvrir la gorge pour faire plus de place. un peu comme un baillement
poussif dessert finalement la résonance nasale : je me trompe ?>>
Désolé, je n'ai rien compris ! :-)
<< *au niveau du soutien diaphragmatique, la sensation est-elle proche de
"se bidonner" ? :-) en effet, ma ceinture abdominale, la "bouée", est en
expansion, et le staccato fait trampoline dessus, est-ce correct ?>>
Oui, c'est le mécanisme du rire!
Dans un staccato léger (par exemple en fausset pour un homme), les
abdominaux n'interviennent pas, on peut émettre la note par la seule détente
du diaphragme. C'est chaque reprise de souffle qui est par contre active au
niveau du diaphragme. Que l'abdomen soit plutôt rentré ou en expansion a
alors peu d'importance.
C'est justement pour cette raison un excellent exercice pour le diaphragme
(et la légère tenue des intercostaux externes), ainsi que pour le mécanisme
léger - qui améliorera aussi le mécanisme lourd, car tant le
crico-thyroidien que les crico-aryténoidien latéraux ont leur rôle à jouer
dans les deux mécanismes.
C'est aussi un bon test de l'état de la muqueuse des cordes vocales, et même
si son rôle est peut-être moins essentiel en mécanisme lourd, c'est de toute
façon par elle que se fait le contact entre les deux cordes vocales!
Par contre, dès qu'un staccato doit être plus puissant ou émis en mécanisme
lourd pour un homme, on rejoint un type d'émission plus soutenue : le
staccato est alors un moyen de travailler le début de son sans être stressé
par le fait qu'il faille tenir le son ensuite. On reste alors plus en
expansion autour de la taille et jusqu'au bassin. On sent toujours un petit
"rire" du diaphragme par au-dessus, mais aussi de légères contractions
simultanées des muscles abdominaux obliques très près de leurs insertions au
niveau du pubis. Entre les deux, l'abdomen ne rentre pas (notamment, le
tranverse ne se contracte presque pas et le grand droit ne se détend pas
complètement) : la pression est juste communiquée par l'intermédiaire des
viscères. On a donc un léger antagonisme entre muscles expirateurs et
inspirateurs, comme pour un son soutenu.
On peut même ajouter un léger "coup de glotte" à la Garcia. C'est excellent
à travailler sur des notes graves, mais très calmement, ce n'est pas fait
pour chanter du Rossini tout de suite ! On pourra par exemple commencer par
une seule note sur [a], puis enchaîner deux [a] détachés et le motif 12321
sur [aoaoa]. Mais il faut faire très attention car la coordination posture +
abdos + diaphragme + coup de glotte + vibration des cordes vocales +
configuration des résonateurs peut être très délicate à établir sans
l'oreille d'un professeur. Il faut notamment veiller à ce que le "coup de
glotte" ne se substitue pas à l'antagonisme du diaphragme (au "maintien de
la position d'inspiration" en termes millériens) mais ait lieu simultanément
à lui, sans plus de pression que si l'on dit "pa" en parlant.
<< *petite dermière : où se concentrer (sur quoi, vers quoi, comment
travailler?) pour développer la précision (justesse) des notes en staccato ?
surtout en accélerant, çà devient un peu dur pour mes oreilles...:-)>>
Comme pour tout ce que l'on chante, il ne faut rien chanter sans l'avoir
conçu au préalable en esprit. Il faut être capable de "visualiser",
d'entendre, d'imaginer tout le motif, et la couleur vocale dans lequel on
veut l'émettre, avant même d'émettre sa première note ! C'est forcément plus
difficile pour un motif rapide que pour un motif lent...
| Alain Zürcher
| L'Atelier du Chanteur
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