Re: aigus/graves
DE | : | régis delcroix |
LE | : | 30/09/2004 à 05:34 GMT |
bonjour,
géniales vos explications théoriques, mais cela manque quand même un peu de
musicalité. le but premier du chant, n'est-il pas de ce faire plaisir et de
communiquer ?
heureusement que nous ne sommes pas obligés lors de nos répétitions de
choeur d'expliquer ces principes physiques à nos chanteurs, je crois qu'ils
se sauveraient.
toujours est-il que depuis que la musique est écrite on nous a appris que
les graves s'écrivaient en bas et que les aigues en haut de même que le do
grave s'écrit en bas de la portée avec une ligne sup etc..... convention
alors pourquoi se poser tant de questions ?
je soulève un autre paradoxe les tablatures de Oud s'écrivent les aigues en
bas les graves en haut (la guitare aussi non?) bizarre.
allez j'en remet une couche et méditez qui apportera une réponse ?
je vous rassure y'a rien a gagner (pas même un filet garni cher à notre
cher Renaud)
allez salut à vous tous
régis (intervenant en milieu scolaire)
----- Original Message -----
From: "Bruno Droux" <bdroux@xxxxfr>
To: "liste chant" <liste-chant@xxxxnet>
Sent: Thursday, September 30, 2004 1:44 AM
Subject: Re: aigus/graves
Bonjour à tous,
le 27/09/04 22:54, Joel.Roessel@xxxxnet a écrit :
Deuxième piste ? les sons graves ne sont pas directifs,
ils se propagent dans
toutes les directions avec une relative homogénéïté... tandis que les
sons
aigus sont très directifs
"Directif" n'est pas tout à fait le mot, même si la description derrière
le
mot est la bonne, mais c'est confondre les causes et les effets. Il
vaudrait
mieux parler à l'inverse de "localisation" d'un son.
Tous les sons se propagent avec la même homogénéïté dans un milieu
homogène
et sans obstacle (*). La notion de "directivité" dépend en fait de
l'auditeur.
L'être humain par exemple a une distance moyenne de 20 cm entre ses deux
oreilles, et bien plus la longueur d'onde d'une fréquence est plus grande
que cette distance (+ de 20 cm), plus on aura de mal à donner la direction
de la provenance d'un son, et réciproquement plus cette longueur d'onde
est
plus petite (- de 20 cm), plus la "localisation" sera facile. c'est le
déphasage entre l'arrivée de l'onde sur la première oreille puis sur la
deuxième qui donne aux cerveau les information qui lui permettent de faire
la "focale" et de calculer (même aproximativement) la provenance d'une
fréquence. Mais il n'y a pas de palier franc, on passe en douceur d'une
localisation facile à une localisation difficile à mesure qu'on descend en
fréquence.
Première remarque : la longueur d'onde donne directement la fréquence;
la fréquence est égale à la vitesse du son divisée par la longueur d'onde
:
puisque le son se déplace à 340 m/s (à 20° au niveau de la mer, etc...)
une
longueur d'onde de 34 cm donne une fréquence de 1000 Hz. Pour une longueur
d'onde de 20 cm la fréquence est de 1700 Hz. Une fréquence de 20 Hz a une
longueur d'onde de 17 m. Une fréquence de 20.000 Hz a une longueur d'onde
de
1,7 cm.
Deuxième remarque : jusque là je ne parle pas de son mais uniquement de
"fréquences". Or une fréquence "pure" (unique) n'existe pratiquement
jamais
dans les sons de la nature ou des instruments de musique. Un son (je ne
parle pas d'un accord, je parle d'un simple son) est tout simplement un
bouquet de fréquences, composé d'un fondamental, d'un spectre harmonique
en
fonction des résonateurs s'il y en a, et de fréquences transitoires en
fonction du type d'émission. Et c'est grâce à ces harmoniques et à ces
transitoires que la localisation d'un son (bouquet de fréquences) dont le
fondamental est en dessous de 1700 Hz (la fréquence la plus grave du
bouquet, et qui donne son nom à une note en musique) peut se faire quand
même.
Troisième remarque (*) : Si l'on imagine une source sonore face à un
auditeur, et si l'on met un objet entre les deux, l'objet ne sera pas un
obstacle au son tant que sa taille est plus petite que la longueur d'onde.
Voilà pourquoi on peut mettre un caisson basse derrière un fauteuil. Un
fauteil de 1 m fera obstacle aux fréquences plus aigües que 340 Hz.
C'est d'ailleurs à partir de toutes ces études que Bose a proposé dans les
années soixante (juste après l'apparition de la stéréo) les premiers
systèmes de tri-amplification avec deux petits satellites stéréo pour les
aigus et un seul caisson basse (aujourd'hui tout le monde fait ça mais à
l'époque c'était très audacieux !). La fréquence de coupure a été ramenée
aux alentour de 300 Hz et les basses sont amplifiées en mono, puisque
l'oreille humaine ne fait pas la localisation à ces fréquences, et cela
évite toute coloration des basses (ajout ou retrait d'harmoniques) dues
aux
déphasages entre les enceintes.
C'était mes deux centimes.
Amicalement.
--
Bruno Droux [Nouvelle adresse : bdroux@xxxxfr ]
Directeur Musical des Chorales d'Airs Libres
Initiateur et responsable du projet "100 Voix en l'air"
MP3, photos et détails du projet :
http://airslibres.free.fr/
Echantillons perso :
http://bdroux.free.fr/
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