RE: Le vibrato esthétique ?
DE | : | Benoit MOREAU |
LE | : | 01/06/2007 à 08:24 GMT |
Je rebondis sur ce qu'écrivait Joel Rossel, avec retard car mon mail s'était
bloqué dans le système de liste (qui n'accepte pas que l'on "cite" un
courriel précédent).
"à l'époque baroque, le vibrato était proscrit..."
N'est-ce pas exagéré ? Est-ce même possible ? Je n'ai pas sous la main le
traité de Quanz, mais je me souviens qu'il dit plutôt qu'il ne faut pas le
maintenir en permanence. Autrement dit, le vibrato est considéré par Quanz
comme une espèce d'ornement et non comme une qualité intrinsèque du son.
Mais par ailleurs, je ne pense pas qu'il parle de la voix à ce moment. Je
vais rechercher ce texte.
Les Norrington, Herreweghe et autres Van Immerzeel, s'ils évitent le vibrato
dans les "pupitres" de cordes et les choeurs (et cela même dans des musiques
du XIXe siècle), le laissent bien sûr se déployer chez les solistes vocaux
ou instrumentistes.
J'ai donc simplement l'impression que les chanteurs de Mozart étaient
capables de modérer, voire momentanément supprimer le vibrato dans toutes ou
certaines voix des ensembles vocaux à 4 ou 5 ... j'imagine que Mozart a dû
le demander aux chanteurs, ce qui a d'ailleurs pu provoquer de belles
disputes!
Quand on entend Fisher-Diskau dans des lieder (donc dans un environnement
sonore modéré), son vibrato n'est pas immuable comme un moteur, au contraire
il est variable, malléable, jusqu'à disparaître par instants et se laisser
désirer.
Par ailleurs Graziella Gonzalez attire avec justesse notre attention sur la
distinction entre un "vibrato naturel" et un vibrato que l'on sent
recherché, voire forcé. Les quatuors, etc, vocaux qui semblent brouillés par
les vibratos le sont peut-être surtout dans un contexte de vibrato poussé
volontairement.
- Question à Graziella Gonzalez: estimez-vous qu'un chanteur peut influencer
l'amplitude de son vibrato en conservant un vibrato naturel? (Je ne parle
pas de la fréquence, bien entendu).
Benoit Moreau
Louvain-la-Neuve
Belgique