La Finta Giardiniera (Anfossi)
Théâtre • Saint-Quentin-en-Yvelines • 23/02/2006
Antonio Florio (dm)
Stephan Grögler (ms) Stephan Grögler et Valérie Seymat (d) Valérie Seymat (c) Laurent Castaingt (l) |
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La Finta Giardiniera (Mozart)
Théâtre • Saint-Quentin-en-Yvelines • 24/02/2006
David Stern (dm)
Stephan Grögler (ms) Stephan Grögler et Valérie Seymat (d) Valérie Seymat (c) Laurent Castaingt (l) |
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Saint-Quentin-en-Yvelines est la première étape de la tournée de ces deux spectacles. Travaillés à l'abbaye de Royaumont par une troupe de jeunes chanteurs, ils y avaient été présentés en version de concert en septembre.
Le travail scénique effectué avec Stephan Grögler a aussi été l'occasion d'un mûrissement musical et vocal. La plupart des défauts relevés en septembre sont maintenant gommés et dépassés. David Stern a aussi rapproché sa version de celle d'Antonio Florio, en pratiquant des coupures supplémentaires bienvenues. Son interprétation a grandement gagné en souplesse.
Si la version d'Anfossi devient plus riche et dramatique après l'entracte, avec une scène nocturne très réussie, celle de Mozart impose par contre le long tunnel de trois airs interminables et inutiles de Belfiore, Ramiro puis Serpetta, dépouillés de leurs récitatifs, précédant la belle scène dramatique de Sandrina, où l'orchestre captive enfin par un motif ostinato des cordes annonçant le Mozart de la maturité.
Les chanteurs ont canalisé leurs propres interprétations, ajoutant bien sûr des jeux de scène
mais réduisant aussi certaines mimiques un peu trop littérales. Vocalement, ils ont beaucoup progressé.
Le plateau vocal réuni pour Anfossi est excellent. Maria Grazia Schiavo, Valentina Varriale et Soledad Cardoso
sont aussi excellentes dans l'expression des récits que dans la tenue et l'agilité des airs. Léa Pasquel a une
émission à la fois un peu ampoulée et pointue et Laurent Bourdeaux a une technique encore jeune, un peu trop
"placée" (parfois dans le nez), avec un larynx montant parfois dans l'aigu et serrant ainsi sa voix.
Chez Mozart, le plateau est dominé par la Sandrina de Chantal Santon, d'une magnifique plénitude vocale. Sara Hershkowitz a un vibrato plus serré, Ernesto Tres Palacios est un peu engorgé.
Dans la logique du couplage des deux spectacles, Stephan Grögler a choisi un décor unique,
sorte de monticule, tour de Babel ou labyrinthe constituée de canapés et fauteuils placés sur des gradins.
Blancs chez Mozart, ils sont chez Anfossi couverts de tissus à fleurs. Ils figurent en effet le jardin où se
déroule l'action !
Le travail de Stephan Grögler consiste dès lors à utiliser les différentes entrées et sorties, les déplacements,
perspectives et combinaisons permises par ce décor. Les canapés convertibles offrent aussi des possibilités dont
les interprètes tirent parti en slips et caleçons. Mozart a droit à un rideau délimitant une avant-scène où se
joue une partie de l'action. Anfossi s'enrichit lui d'un pianiste travesti offrant un contrepoint comique à
l'action, dont le jeu rappelle la "Madame Bihour" de L'Étoile mise en
scène à Nantes par Emmanuelle Bastet.
Tous les chanteurs sont aussi bons comédiens. Daniele Maniscalchi est désopilant en Belfiore ridicule portant un
uniforme militaire différent à chacune de ses apparitions. Maria Grazia Schiavo joue très bien sa métamorphose
en marquise.
Ces deux soirées ont reçu un accueil très chaleureux du public, notamment des nombreux jeunes auditeurs.
À voir en tournée de février à avril 2006 : du 26 au 28 février au théâtre Sylvia Monfort à Paris 15e, les 3 et 4 mars à Bruges, 9 et 10 mars à Orléans, 24 et 25 mars à Nanterre, 28 et 29 mars à Pontoise, 1er et 2 avril à Reims.
Alain Zürcher