Weihnachts-Oratorium O
Tonhalle • Zurich • 19/12/2010
Masaaki Suzuki (dm)
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L'Oratorio de Noël de Bach est extrêmement populaire dans les pays germaniques. Pour les fêtes de Noël, l'orchestre de la Tonhalle de Zurich invite Masaaki Suzuki à le diriger. De religion protestante, le chef s'est taillé une réputation internationale en diffusant l'oeuvre de Bach au Japon. Sa direction est très articulée. Il en découle un ensemble très logique, une architecture limpide et des plans sonores très clairs.
L'orchestre de la Tonhalle séduit d'entrée par sa rapidité à se mettre en place et à démarrer ! Le début est attaqué piano, mais avec déjà un élan annonçant une interprétation souple et bondissante. Le choeur de quatre fois six voix est très clair de diction, ses sifflantes sont émises avec un parfait ensemble. Les aigus de ses sopranos sont toujours justes et libres ! Chantés ici à Zurich par le Schweizer Kammerchor attaché à la Tonhalle, les chorals coulent de source, avec naturel et sincérité. Dans "Ach mein herzliebes Jesulein", les contrastes sont bien articulés entre les interventions du choeur et de l'orchestre.
Andreas Weller a le beau timbre clair que l'on attend d'un évangéliste. Il éclaircit juste parfois un peu trop ses aigus en montant sur la pointe des pieds. Ingeborg Danz a une voix bien conduite. Dans son air de la deuxièem partie, "Schlafe, mein Liebster", elle trouve une accroche plus haute et efficace, qui donne une belle couleur à cette berceuse. Dans son air "Schliesse, mein Herze" de la troisième partie, elle sonne un peu en retrait par rapport à l'engagement de la violoniste, mais cette conception est en accord avec l'affect du texte et crée un contraste intéressant avec le phrasé du violon.
Dominik Wörner sonne barytonal dans son duo avec la soprano "Er ist auf Erden kommen arm". Son phrasé est net et souple, très bonhomme. à ses côtés, c'est Joanne Lunn qui chante l'ingrate partie de soprano. Dans l'intervention de l'ange en deuxième partie, elle émet sa voix en pression, mais le résultat est efficace.
L'orchestre met bien en valeur les syncopes de l'introduction de "Grosser Herr", ce qui donne un bon tonus à cet air et le fait bien "avancer", sans lourdeur. Bien qu'ayant un timbre clair, Dominik Wörner n'émet pas parfaitement ses [i] et ses [e], un peu serrés. Peut-être pourrait-il effectuer plus bas ses reprises de souffle rapides? Quoiqu'il en soit, son phrasé et sa diction convainquent parfaitement.
La sinfonia introduisant la deuxième partie est bien liée et toujours souplement phrasée, avec un son nourri et chaud. La troisième partie est ensuite prise dans un tempo rapide, contrastant bien avec la deuxième partie plus méditative.
Alain Zürcher