Leçons de chant en vidéo

Placer l'aigu en voix pleine sur le fausset

En fermant les yeux, rendons-nous plus attentifs à nos sensations internes.

En tête, en poitrine ? Bof ! Les sensations du fausset sont par contre intéressantes : détente, facilité, pureté... Essayons de les conserver tout en passant en voix pleine !

Ne changeons que la vibration des cordes vocales, mais conservons la configuration du conduit vocal, la définition des voyelles et les sensations de résonance du fausset. Il ne s'agit pas de chanter les aigus en fausset, mais de conserver le même "placement", avec une résonance renforcée puisque la fourniture laryngée est renforcée.

Démonstration.

Glossaire des termes utilisés

Transcription

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Bonjour ! Aujourd'hui, après plus d'un mois de confinement, quelques petites expériences sur les sensations de la voix.

Fermons les yeux pour renforcer les sensations internes.
L'idée de départ était de savoir si la voix de tête résonnait en tête et la voix de poitrine en poitrine.

La voix résonne en fait surtout dans le cou.
Quand on met la main derrière sur la nuque, on le sent très bien, dans le grave comme dans l'aigu.
C'est normal puisque les cordes vocales sont dans le larynx !
[Leur vibration] se propage même un peu à la mâchoire, plus qu'au sommet du crâne ou tout en bas de la poitrine, qui sont plus loin.

Ensuite j'ai redécouvert une idée que j'utilisais beaucoup il y a 20 ou 30 ans : trouver son aigu en voix pleine à partir du fausset.

Le sol aigu est une note très facile pour un baryton en fausset.
Descendons un arpège sur sol mi do aigu.
Et le même arpège en voix pleine à l'octave en dessous.

Là on entend le "a" vraiment dans la bouche.
Est-ce la fréquence propre du conduit vocal ? On a l'impression que la résonance est dans toute la bouche.

Par contre, pour des fréquences plus aiguës, la totalité du conduit vocal est peut-être un résonateur trop long pour faire sonner ces aigus, donc ça ne sonne plus dans toute la bouche, ça sonne... "dans la tête".

Une note grave résonne un peu dans la tête : on y entend les harmoniques.
C'est comme si la fondamentale était "dans toute la bouche" et les harmoniques "dans la tête" (palais dur, sinus...).

Dans l'aigu, vous enlevez la fondamentale [de la note grave] : En chantant à l'octave en fausset, c'est comme si vous ne chantiez qu'à partir du premier harmonique.
(Arpèges en voix de poitrine et en fausset)
Effectivement, vous êtes en "tête" puisque vous n'êtes plus en "bouche".
Pourtant la voyelle est toujours formée en bouche, au même endroit. C'est la même voyelle !

Et la poitrine là dedans ? (Arpèges en voix de poitrine) Les sensations ne sont pas très utilisables !

Par contre, ce qui est très utilisable, c'est l'idée de chanter un arpège "sol mi do" aigu alternativement en fausset et en voix pleine.

L'idée est aussi de ne pas aller le chercher, donc de ne même pas mettre du souffle, juste se dire directement : "on commence en fausset, c'est facile". L'intérêt c'est la facilité.

En fausset, il y a une attaque légère au début.
En voix pleine, on ne peut pas imiter cette attaque. Le fausset est plus léger, les cordes vocales sont plus fines, donc l'attaque du fausset va être un peu plus soufflée, mais l'attaque en voix pleine ne peut pas l'être.
En voix pleine, il faut que les cordes vocales s'accolent davantage. On va donc plutôt avoir une idée de léger coup de glotte à la Garcia.

(Exemples alternant fausset et voix pleine)
L'idée est de reproduire la région où on sent la résonance. Donc ce seront les mêmes fréquences, mais avec deux instruments : l'instrument léger et l'instrument lourd.
Il faut retrouver un peu les mêmes régions, mais plus intenses certainement en voix pleine, et si possible la même facilité.

Donc ça déclenche un petit peu d'autres choses, mais pas énormément, pas "a priori".
Il ne faut pas dire a priori : "C'est une note difficile, il faut de la pression, il faut faire ceci ou cela."
Il faut juste se dire : "C'est la même note, soit en mécanisme léger, soit en mécanisme lourd."
On alterne les mêmes arpèges en fausset et voix pleine.

Tout ce que je fais, c'est que j'ai l'impression de le mettre au même endroit.
Alors est-ce que je le "place" ? En quelque sorte !
C'est une question de localisation, de régions où ces harmoniques prennent place, mais aussi cette fondamentale, puisqu'on est déjà dans cette région aiguë, et plus du tout une octave en dessous.

On a l'impression d'entendre deux arpèges à une hauteur différente, mais la hauteur est la même  !
Par contre, en voix pleine on a encore plus d'harmoniques, mais au-dessus. La fondamentale est la même.
Voilà, c'est une idée pour trouver un aigu plus facile !

(Arpège sur si bémol en fausset... ...et en voix pleine)
(Arpège sur si bécarre en fausset... ...et en voix pleine)
Pour obtenir cette sensation dans cette région plus haute de résonance, au même endroit que le fausset, on sent une forme de compression médiane des cordes vocales dans le larynx.
Mais il ne faut pas essayer de le faire exprès, de pousser comme aux cabinets !

Si on sait déjà le faire, alors effectivement ça paraît facile parce qu'on l'a déjà travaillé, obtenu par d'autres moyens.
Là c'est une sorte de manière un peu résumée de comparer des choses qui marchent déjà à peu près.
Mais si vous ne l'avez jamais fait, il faut déjà maîtriser le fausset.

Et après si vous n'avez jamais sorti d'aigus à cet hauteur...
Mais justement on découvre ! Habituellement je vais chanter des sol, des sol dièse, éventuellement un la...
Aujourd'hui je me suis dit : "Tiens mais finalement le si bémol il peut sortir relativement facilement, et à la limite le si..."

Tout ce qui est compression, effort, va être déclenché spontanément par l'apprentissage préalable mais aussi l'intuition du corps.

Est-ce qu'on vise un "résultat" ? Non, on ne vise pas de résultat en voix pleine.
On s'en fiche du résultat en voix pleine !
On est quand même dans un résultat, mais un résultat de fausset.

On est dans les sensations, les localisations du fausset, qu'on transpose en voix pleine.
Mais ce n'est pas d'oublier le corps et d'aller directement vers le résultat en voix pleine.
C'est de passer par la facilité et la sensation de localisation.
C'est pour ça que l'idée de départ était de fermer les yeux.
J'ai retrouvé ces vieilles idées que j'avais il y a des dizaines d'années en fermant les yeux.

À l'époque déjà je me disais : "Mais quand même, ces fréquences hautes, [en fausset,] le corps est capable de les faire sonner !" Donc on change le vibrateur mais on aimerait garder le conduit vocal, les résonateurs au dessus.
Même la voyelle est formée par la bouche, la position de la langue, la mâchoire, l'ouverture, donc pourquoi on ne garderait pas la même voyelle dans la bouche ? Ce n'est même pas une différence d'octave, puisque l'on peut faire cette voyelle en fausset.
On peut produire, définir cette voyelle en fausset, donc on peut très bien définir cette voyelle aussi bien en voix pleine.
Ce sont les mêmes fréquences, il n'y a pas de raison !

Ce n'est pas l'idée de dire : "Au-dessus d'une certaine note vous ne pouvez plus faire un vrai i, vous ne pouvez pas faire un a."
Ce n'est pas du tout ça, puisqu'on est sur les mêmes notes fondamentales, les mêmes fréquences.
C'est utile parfois d'alterner avec la voix pleine une octave en dessous, mais là le principe est d'alterner avec le fausset à la même octave.

Après ça déclenche des choses plus ou moins spontanées.
Ça dépendra complètement de chacun, de ce que vous avez déjà fait auparavant.
On essaie d'inhiber bien sûr les réflexes, les automatismes néfastes.
On voudrait qu'il y ait des bons automatismes, dont on n'a peut-être jamais eu conscience.

Mais l'idée préalable de l'aigu, de comment ça doit sonner, où ça doit sonner, ça on essaie de le laisser de côté, de penser uniquement à tout ce qu'on peut prendre du fausset pour le garder en voix pleine.
On ne change que la vibration des cordes vocales, et tout le reste reste pareil.
Et on obtient une voix pleine aiguë ! Voilà, c'est miraculeux ! Merci !