WILFART, Serge |
(Albin Michel 1994) |
Le Chant de l'Être |
Cet ouvrage s'adresse davantage à ceux pour qui le chant est destiné à remplacer ou à compléter une analyse, qu'à ceux pour qui il est une passion ou un métier.
Si l'homophonie de "voix" et "voie" et la polysémie de "dresser" et de "sens" sont pour vous des sources d'émerveillement quotidien, si le vocabulaire initiatique ou oriental est votre seconde langue maternelle, ce livre est fait pour vous !
Ses concepts n'en sont pas pour autant erronés. Ils sont simplement poussés à bout, selon une logique qui n'est pas celle d'un chanteur.
On a bien sûr droit à l'extase, habituelle dans ce genre d'ouvrage, sur le cri du bébé (ici préféré au chien). Mais les paragraphes sur la connexion sexuelle du chant sont très justes, et ceux sur le développement psychologique de l'adolescent ne sont certainement pas faux.
On s'étonnera, par contre, d'affirmations aussi radicales que :
«Le chant vrai résulte toujours d'une reconstruction complète de l'instrument.»
(Note de la page 87 de l'édition de poche.)
«(...) l'adulte se présente toujours au cours de voix avec un moi vocal faussé dans un corps et un mental faussés, (...) il ne peut en aller autrement.»
(Page 58 de l'édition de poche.)
Quand Wilfart (qui nous avoue en dernière page qu'il n'a pas rédigé son ouvrage lui-même) aborde la technique vocale, il se borne à citer Alfredo Kraus interviewé par L'Express, et a cette formule magnifique :
«En fait, toute la voix est résumée par l'émission de yé-yi-you-ya : il s'agit d'un mantra très fort (...)»
(Page 84 de l'édition de poche.)
Des cas d'élèves sont cités comme le sont les miracles dans les Évangiles.
Vers la fin du volume, Wilfart laisse la plume, interminablement et en petits caractères, à deux religieux (surtout une religieuse) de ses élèves. La lecture de son ouvrage en est rendue presque impossible à achever.