Autres idées pour se décambrer

 

Décambrure musculaire directe

Certains exercices relativement violents peuvent être bénéfiques, s'ils sont effectués indépendamment de toute phonation et pendant quelques minutes seulement, plusieurs jours de suite.

Par exemple, réellement faire un effort musculaire pour contrer la cambrure excessive : mouvement de s'asseoir, de tirer / étirer la colonne vertébrale vers le bas au niveau des vertèbres lombaires, éventuellement en serrant les fesses, tout en la tenant simultanément étirée vers le haut au niveau des vertèbres cervicales.

Plus facile : le faire allongé sur le ventre, en ayant l'impression de respirer avec le bas du dos, en associant décambrure et inspiration (voir l'exercice Respiration lombaire). Rester en apnée glotte ouverte dans cette position, légèrement au-delà de la douleur musculaire, puis relâcher et recommencer. Prendre bien garde à la tension qui peut survenir dans la nuque.

Ensuite, faire ce même mouvement debout, et enchaîner les premiers mouvements du taï-chi.
Faire cet exercice en tout début de journée, avant surtout de rester en position assise. En position assise, s'efforcer de se tenir "droit" par l'action musculaire du bas du dos (et non pas de la nuque seule !), et en pensant davantage à se grandir (sans se cambrer) qu'à se décambrer...
Un autre exercice, en position assise (sans dossier), consiste à se balancer assez violemment d'avant en arrière, éventuellement en croisant les mains derrière la tête (paumes vers l'avant).

 

Se cambrer pour mieux se décambrer

On peut parfois obtenir une décambrure plus naturelle, avec un meilleur étirement de la colonne vertébrale et une meilleure tenue musculaire, en se redressant d'abord dans la cambrure, sans chercher à la corriger - voire en la laissant s'accentuer.
Une fois que la colonne vertébrale est étirée au maximum, on la décambre, mais très bas, par un mouvement du bassin.
La position est ensuite maintenue par une légère contraction de la ceinture musculaire pelvienne. (L'idée d'une simple dynamisation musculaire peut même être préférable.)

 

Faire partir les mouvements du plus bas possible

Tout geste juste, calme et puissant doit se construire de bas en haut. Si le bas est présent, le haut se met en place tout naturellement, sans contraction ni effort.

Cette mobilisation musculaire très basse nous permet de marcher ou de monter un escalier de manière extrêmement efficace (souple, rapide et puissante).
Tout en accomplissant ces activités, nous pouvons aussi respirer profondément et librement. En effet, une action musculaire interfère d'autant moins avec notre respiration que cette action est plus basse.

Ce type de décambrure et de mobilisation musculaire est bien sûr idéalement adaptée au "soutien" de la voix du chanteur. Nous constatons donc qu'une bonne part du soutien vocal découle de la posture adoptée et maintenue par le chanteur.

La décambrure peut être travaillée en montant et descendant les escaliers, ainsi qu'en marchant.
L'impression doit être, par exemple, de monter l'escalier "avec le bas du dos", en étant musculairement centré sur cette région lombaire, comme si tous les muscles du corps y convergeaient.
En marchant, l'impression est que les pieds vont chercher le sol en avant pour ensuite tirer le corps à leur niveau, le bassin effectuant un parcours horizontal sans à-coups. On sent une énergie, presque comme un léger courant électrique, qui court de la pointe des pieds jusqu'aux reins, en dynamisant les mollets et les cuisses au passage, et semble encore irriguer le haut du corps et le sensibiliser jusqu'au bout des doigts, jusqu'à l'éclat des yeux.

 

Limites du taï-chi

Les mouvements du taï-chi peuvent avoir une incidence néfaste sur la manière dont on cherche à se décambrer, c'est à dire plutôt en arrondissant le dos, comme une bête à l'affût qui concentrerait son énergie.
Si le taï-chi ne demande pas de courber la nuque en avant, il demande par contre, dans un but défensif, que la poitrine (le sternum) soit plutôt rentrée, plate sinon creusée.

De cette manière, on réussit effectivement à se connecter d'une seule pièce jusqu'au sol. La contrepartie est que le cou n'est pas dégagé. S'il s'engonce, la voix va s'engorger. On va trouver des appuis bas, mais en haut, cette puissance va se trouver étranglée au niveau du cou et ne réussira pas à se libérer avec un rendement optimum. Ce problème trouve son complément naturel (sic) dans une obstruction de la cavité buccale par la langue.

 

Dégager la nuque

Si l'on pense au contraire à se décambrer dans l'extension verticale et dans l'inspiration profonde, on en vient à dégager le cou (en levant un peu la tête) et à soulever le sternum en une position non pas extrême, mais qui pourra être conservée tout au long du chant - et a fortiori tout au long d'un exercice de décambrure.

Le cou sera levé comme pour boire un verre d'eau. L'impression est alors de boire l'air comme on boirait de l'eau. Cet air semble aller trouver sa place tout naturellement au bas des poumons, avec une nette sensation d'ouverture des basses-côtes, d'autant plus agréable qu'elle n'est pas obtenue par une action musculaire volontaire, et qu'elle peut donc être maintenue sans aucune crispation, simplement par cette arrivée d'air.
On se sent ainsi directement en prise : au lieu d'avoir inspiré un certain volume d'air qui se trouverait maintenant à l'intérieur de nous, on a l'impression que l'air extérieur est descendu jusque sur notre diaphragme. C'est toujours l'air extérieur, mais on peut le contrôler directement, sans devoir le thésauriser : il est là, nul besoin de le retenir, il suffit de rester ouvert.
Le dos se décambre également spontanément, l'abdomen se sent mobilisé, et la ceinture musculaire pelvienne est activée, avec une impression de connexion musculaire complète de tout le corps.

L'impression est bien sûr en même temps d'une gorge très ouverte et sans aucune constriction, grâce au dégagement du cou. La langue peut elle aussi être plus libre et dégager la cavité buccale.
Cette position est d'ailleurs exactement celle adoptée par Gigli dans un extrait filmé figurant sur la cassette vidéo "The Art of Singing" (Warner).