Récital du Prix de Chant du Conservatoire de Paris | Paris | CNSMDP | 12 et 13/06/2003 |
Voici quelques extraits du règlement : Le programme du Récital du Prix, d'une durée de 30 à 40 minutes de musique, sera composé par l'étudiant. Il devra cependant comporter des oeuvres représentant les quatre groupes suivants :
Le programme devra comprendre :
L'ordre d'exécution des morceaux est laissé au choix du candidat. Ceux-ci seront également jugés sur la composition et l'équilibre de leur programme. |
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Selon la tradition du conservatoire, le nom du professeur de chaque étudiant n'est pas communiqué, mais il faut se livrer à un jeu de déduction à partir de la liste ci-dessous, associant professeurs et accompagnateurs ! |
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Professeurs | Assistants et acompagnateurs |
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Mireille ALCANTARA | Michèle VOISINET |
Peggy BOUVERET | Catherine DAIPRES, Karolos ZOUGANELIS |
Glenn CHAMBERS | Bénédicte HARLÉ |
Robert DUMÉ | Erika GUIOMAR, Florence DOMACQ |
Isabelle GUILLAUD | Damien LEHMAN, Nathalie DANG |
Gerda HARTMANN | Mark DAVIES, Sylvie LECHEVALIER |
Michèle LE BRIS | Christophe SIMONET, Géraldine DUTRONCY |
Pierre MERVANT | Anne LEBOZEC, Yann MOLENAT |
Pour vous faciliter la tâche, le nom du professeur officiel de chaque chanteur est cependant indiqué ci-dessous, ainsi que la mention accordée par le jury (Très Bien, Bien ou Assez Bien). |
1) Mathias VIDAL, ténor |
Michèle VOISINET : piano Maude GRATTON : clavecin Christine DUPUIS : violoncelle |
Professeur : Mireille Alcantara Mention obtenue : B à l'unanimité |
1 G. VERDI - Falstaff : "Dal labbro il canto" |
Affaisse sa cage thoracique au fil de l'expiration chantée. Pousse donc des aigus souvent bas. |
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2 G. FAURÉ : Sérénade toscane |
Pousse sa voix en jouant davantage la "sérénade pour ténor" que la mélodie, aux dépens de la variété de son programme. |
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1 R. STRAUSS - Le chevalier à la rose : "Di rigori armato" |
Ce morceau fait à nouveau "double-emploi" : dans l'opéra allemand, il choisit une caricature d'air italien et reste donc toujours dans le même type d'émission. |
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1 C. MONTEVERDI - Le couronnement de Poppée : Berceuse d'Arnalta |
Prend des risques intéressants stylistiquement mais dangereux sur le plan de la justesse, du phrasé et du soutien de la voix, avec des sons sans doute volontairement droits qui jouent intelligemment sur les frottements harmoniques mais sonnent souvent bas et détimbrés. |
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3 G.F. HAENDEL - Acis et Galatée : "Shepherd ! what art thou pursuing?" |
Ne trouve pas la légèreté d'émission nécessaire. Semble avoir une voix intrinsèquement légère mais la brutaliser, ce qui fait qu'il ne convainc ni dans le répertoire léger qui devrait être le sien, ni dans celui de ténor lyrique dans lequel il pourrait vouloir se risquer. Mais il est possible que cette émission brutale soit due à 90% au stress de la situation d'examen ! [Mathias Vidal m'a depuis fait savoir qu'il était indisposé ce jour-là.] |
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4 HENZE - Kömig Hirsch : "Ach ! Ich weiss nicht mehr" |
Ne révèle rien de plus dans la voix. |
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1 L. DELIBES - Lakmé : "Fantaisie, ô divin mensonge" |
Enfin une couleur vocale et un type d'émission convenant à sa voix ! Il y a un fort potentiel de développement à partir de cette émission plus "mixte" et du mezza-voce. |
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2 S. RACHMANINOV - Chest Romansov op. 4 : "Nié poï krasavitsa pri mnié" |
Quelques nuances réussies mais fragiles, pouvant encore être bien développées. |
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2) Ariana VAFADARI, mezzo | Damien LEHMAN : piano |
Professeur : Isabelle Guillaud Mention obtenue : AB |
3 W.A. MOZART Messe en Ut : Laudamus te |
Les défauts sont minimes : quelques finales en "te" pourraient rester plus vibrantes et un ajustement vocalique (et peut-être du souffle) pourrait éviter une zone un peu détimbrée juste avant le passage franc en poitrine. |
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2 F. SCHUBERT : "lm Frühling" |
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2 F. POULENC : Montparnasse |
Quelques sons trop ouverts, surtout dans un contexte de mélodie, où des couleurs auraient pu être cherchées une nuance en-dessous. |
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2 RIMSKI-KORSAKOV : "Aimant la rose, le rossignol" |
Le souffle est un peu trop appuyé vers le bas pour cette mélodie russe. La pâte vocale en est épaissie, ce qui permet certes de trouver une couleur différente mais qui n'est pas forcément la plus adaptée. Le passage vers l'aigu final en est rendu plus contrasté mais périlleux. |
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1 J. MASSENET Werther "Werther... Qui m'aurait dit la place" |
Un certain manque de concentration des voyelles comme peut-être de la pensée rend le résultat un peu inconsistant. La charge émotionnelle de l'air et du personnage n'est donc pas transmise avec autant de plénitude, d'engagement et de sincérité qu'on le souhaiterait. |
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4 BARBER Vanessa : "Must the winter came so soon?" |
L'anglais est assez exotique et l'émission un peu droite. |
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1 G. ROSSINI Le Barbier de Séville : Cavatine de Rosine |
Là comme dans Mozart, quelques ajustements vocaliques boucheraient quelques petits "trous" - simples zones de faiblesse de la résonance en fonction des voyelles et des hauteurs chantées. |
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3) Claire BABEL, soprano | Erika GUIOMAR : piano |
Professeur : Robert Dumé Mention obtenue : AB |
3 J.S. BACH - Cantate BWV 51 : Jauchzet Gott in allen Landen! |
L'ouverture du torse est peu développée La posture est presque penchée vers l'avant et creusée. L'inspiration est haute. |
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3 L. van BEETHOVEN - Christus am Ölberge : "Erzitt're, Erde" |
Trouve parfois une meilleure impédance, des sons un peu plus ronds. La voix blanchit quand même souvent, du fait d'une émission en expiration appuyée et des ouvertures buccales excessives trop bas dans la tessiture. |
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2 F. POULENC - Fiançailles pour rire : Dans l'herbe |
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1 V. BELLINI - I Puritani : "Qui la voce" |
L'émission est toujours trop appuyée, ce qui mêle souvent du souffle au timbre et ne semble donc pas devoir constituer une base saine pour l'avenir, en raison de l'absence d'antagonisme au niveau du diaphragme. Les cordes vocales "encaissent" dès lors toute la pression expiratrice. Devant y résister, elles ne peuvent générer, dans cette tension excessive, qu'un son aux harmoniques pauvres dans le grave, sans rondeur et tendant à blanchir. |
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1 F. POULENC - Les Mamelles de Tirésias : "Non, Monsieur mon mari" |
Cet air, avec la caricature qu'il autorise, passe mieux. Poulenc est un compositeur où ce type d'émission "tirée" peut être acceptable et a en tout cas été beaucoup entendue ! |
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2 F.P. TOSTI : Non t'amo più |
À nouveau, l'impédance et donc l'accord phono-résonantiel sont parfois meilleurs. Le torse n'est pas plus ouvert mais l'ancrage au sol est bien meilleur et l'ouverture buccale moins excessive. Il n'est pas exclu que cette chanteuse s'épanouisse mieux en mezzo (peut-être moins légère qu'en soprano). |
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4 J. CAGE Aria |
Ce type d'air contemporain convient toujours à merveille à ce type de voix et révèle enfin un tempérament. Il est dommage qu'une si faible partie de ces moyens réussisse à être canalisée vers l'interprétation du répertoire classique. |
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4) Yann TOUSSAINT, baryton | Michèle VOISINET : piano |
Professeur : Mireille Alcantara Mention obtenue : AB |
1 G. ROSSINI - L'Italienne à Alger : "Le femmine d'Italia" |
Une très légère raucité semble voiler l'émission, la muqueuse des cordes vocales ne semble pas absolument parfaite. Reflux ou légère fatigue vocale? Ce premier air en est privé de son brillant possible, comme de son grave également possible, mais que ce chanteur ne possède peut-être pas naturellement. |
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1 W.A. MOZART - La Flûte Enchantée : "Papagena... Weibchen ! Täubchen !" |
Joue d'une attitude et d'une émission "naturelles" qui conviennent bien à cet air. La diction allemande est admirable. Excellent interprétation, bon changement de couleur sur "nun wohlan". |
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1 G. PUCCINI - Edgar : "Questo amor, vergogna mia..." |
L'émission est un peu appuyée - ce qui pourrait expliquer à la longue une légère irritation de la muqueuse des cordes vocales ! |
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3 R. SCHUMANN - Szenen aus Goethes Faust : "Hier ist die Aussicht frei..." |
Là aussi, le timbre mixte, une fois dégagé d'un certain empâtement qui le voile parfois, offrirait une bonne base de développement et permettrait d'éviter ou d'améliorer la 'voce finta' sur "Gnade", trop mêlée d'air et harmoniquement plate. |
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2 G. MAHLER - Lieder und Gesänge aus der Jugendzeit : Frühlingsmorgen - Erinnerung |
Le léger voile de la voix donne une belle couleur à ce Lied et l'allemand est toujours magnifique. |
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1 H. RABAUD - Mârouf : "à travers le désert..." |
Style parfait, beau naturel de l'émission. Seuls les aigus restent à travailler, étant émis un peu trop couverts et tendant dès lors à se "boucher" - la bouche est grande ouverte devant mais la langue semble former un bouchon par derrière. |
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1 C. GOUNOD - Roméo et Juliette : "Mab, la reine des mensonges..." |
Ici aussi, le naturel et la musicalité emportent l'adhésion. |
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2 F. POULENC - Chansons gaillardes : La maîtresse volage - Madrigal - La belle jeunesse |
Même remarque que ci-dessus. |
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4 I. ABOULKER - Savoir vivre et usages mondains |
Très grands talents d'acteur et naturel de l'émission. Un chanteur qui fait passer un très bon moment ! |
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5) Marie-Charlotte LABORNE, soprano |
Michèle VOISINET : piano Vincent TIZON : hautbois |
Professeur : Mireille Alcantara Mention obtenue : AB |
3 G F. HAENDEL - Le Messie : "Rejoice greatly" |
Semble fatiguée et tendue. L'expression dure du visage ne contribue pas à communiquer le sens des paroles. |
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2 J. OFFENBACH : La cigale et la fourmi |
Émission assez laryngée, en "heller Knödel", qu'elle a du mal à soutenir sans tensions. |
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1 K.M. von WEBER - Der Freischüz : "Kommt ein schlanker Bursch gegangen" |
Beaucoup mieux centrée. |
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1 C. GLUCK - Orphée : "Si les doux accords... Soumis au silence" |
Les phrases aiguës sur "tu la ramèneras" donnent l'idée de la détente et de l'efficacité qui pourraient être étendues à toute la voix. |
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2 H. WOLF - Italienisches Liederbuch : Auch kleine Dinge - Mein Liebster ist so klein |
Ne trouve de nouveau plus la hauteur et la liberté d'émission requises et se fatigue un peu trop. |
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4 R. VAUGHAN WILLIAMS - Ten Blake's songs : Infant Joy - The Shepherd - Cruelty has a human heart - Eternity |
Retrouve cette hauteur et légèreté d'émission qui rend sa voix semble-t-il tellement plus facile à émettre et en tout cas tellement plus agréable à écouter ! |
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1 G. DONIZETTI - Rita : "E lindo e civettin questo caro alberguccio" |
Les sons sont parfois trop pointus, parfois non. Les aigus se libèrent bien. |
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6) Vladimir STOJANOVIC, baryton | Erika GUIOMAR : piano |
Professeur : Robert Dumé Mention obtenue : TB à l'unanimité |
1 G. ROSSINI - L'Italienne à Alger : "Le femmine d'Italia" |
Le tempo choisi, assez lent, met en valeur la pâte vocale plus que la finesse du style. |
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1 G. PUCCINI - La Bohème "Vecchia zimarra" |
La couleur sombre de la voix peut permettre de rendre justice à cet air. |
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3 G. VERDI - Messa da Requiem : "Confutatis" |
Même remarque que ci-dessus. |
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1 W.A. MOZART - Les Noces de Figaro : "Tutto è disposto... Aprite un po' quegli occhi" |
Conception très soutenue et un peu datée dans le récitatif, mais efficace dans l'air, même si les aigus y sont un peu bouchés à force de couverture. La couleur vocale est aussi forcément un peu toujours la même. |
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2 F. SCHUBERT : Frühlingstraum |
Certains sons se laissent un peu trop entraîner vers le grave, perdant leurs harmoniques aigus, tandis que les aigus mezza-voce sont superbes. |
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4 F. MARTIN - Monologue aus Jedermann : n° 3 "Ist als wenn eins Gerufen hätt" |
On regrette que l'extrait choisi, très réussi, ne soit pas plus long. |
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1 S. RACHMANINOV - Aleko : "Vestabor spit..." |
L'émission est naturellement idiomatique et agréablement généreuse dans ce répertoire. |
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1 H. BERLIOZ - La Damnation de Faust : "Voici des roses" |
Le legato est toujours superbe. |
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2 J. IBERT - Chansons de Don Quichote : Chanson de la mort de Don Quichotte |
Parfois un peu bas. |
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1 L. MITCH - Man of la mancha : "To dream the impossible dream..." |
L'émission est d'abord tassée et sourde dans le grave, puis cognée dans l'aigu. Pas une bonne idée pour terminer, même si la dernière note (sur "stars") est très bien émise, couverte mais pas trop. |
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7) Magali de PRELLE de la NIEPPE, soprano |
Michèle VOISINET : piano Sivan MAGEN : harpe |
Professeur : Mireille Alcantara Mention obtenue : TB à l'unanimité avec félicitations du jury |
1 N. ISOUARD - Le Billet de loterie : Scène et Rondo |
L'émission est parfois un peu large pour ce répertoire, ce qui empâte alors la diction. |
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4 B. BRITTEN - A birthday Hansel : "My early walk" - "Wee Willie gray" |
L'anglais sonne un peu comme du suédois ! |
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3 A. VIVALDI - O qui caeli (RV 631) : Alleluia |
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1 V. BELLINI - I capuletti e i Montecchi : "Oh ! Quante volte" |
L'émission est parfois un peu trop appuyée, notamment dans le médium et sur les attaques, avec une tension excessive des cordes vocales devant résister à une pression sous-glottique excessive. De l'air s'échappe alors un peu. |
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2 F. SCHUBERT : Die Männer sind mechant |
L'humour de cette chanteuse est toujours délicieux. Même si elle a encore des choses à régler dans sa voix, sa personnalité devrait lui assurer le succès ! |
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2 C. DEBUSSY - Ariettes oubliées : C'est l'extase langoureuse |
Brillante idée de placer ce morceau après le précédent, avec lequel il contraste en tout ! |
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1 U. GIORDANO - Il Re : "Se non parlavo" |
Cet air sollicite le médium d'une manière qui peut facilement être forcée. La fréquentation excessive de ce type de répertoire pourrait expliquer les appuis excessifs du médium notés plus haut. Prudence ! |
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8) Bernard ARRIETA, baryton |
Emmanuel OLIVIER : piano Roland ARNASSALON : violon Ana MILLET : violon Sophie GROSEIL : alto Jérôme LEFRANC : violoncelle |
Professeur : Glenn Chambers Mention obtenue : TB |
3 G.F. HAENDEL - Alexander's Feast : "Revenge, Timotheus cries" |
Timbre à la fois sombre et brillant. Excellente agilité. Reprise encore plus rapide et bien ornée. |
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1 SOUTULLO - La del soto del parral : Los cantos alegres de los zagales |
La couleur vocale est aux antipodes de celle de Vladimir Stojanovic comme de celle de Yann Toussaint, comme quoi le terme "baryton" recouvre bien des voix très différentes ! |
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2 C. DEBUSSY - Trois ballades de François Villon : Ballade de Villon à s'Amye |
Arrive à maintenir une excellente diction même dans l'aigu et le 'forte'. Une légère modification de l'aigu gommerait cependant quelques duretés, et la mélodie pourrait être l'occasion de travailler des nuances plus douces. |
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1 F.J. GOSSEC - Sabinus : "Aux douceurs du sommeil" |
Joue très bien ce qu'il chante. Bonne posture et présence physique. |
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2 H. WOLF - Italienisches Liederbuch : Der Mond hat eine - Hoffärtig seid ihr, schönes Kind |
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1 W.A. MOZART - Les Noces de Figaro : "Hai già vinta la causa... Vedrò mentr'io sospiro" |
Excellent ! |
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2 S. BARBER : Dover beach |
Superbe. |
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4 G. APERGHIS : Le rire physiologique |
Excellent - et le pianiste aussi, qui a son rôle à tenir ! |
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9) Barbara DUCRET, soprano | Christophe SIMONET : piano |
Professeur : Michèle Le Bris Mention obtenue : B |
3 W.A. MOZART - Messe en Ut : "Laudamus te" |
Voix ample. Commence avec des appuis un peu laryngés puis la voix se dégage. Légers problèmes récurrents d'homogénéité entre les registres. La langue fait un peu bouchon sur certaines notes, tandis que des [e] sont au contraire un peu trop exprès placés "dans le masque". L'émission en poitrine est un peu large et détimbrée. |
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1 G. VERDI - Un Bal Masqué : "Ecco l'orrido campo" |
Les 'piani' dans le médium laissent parfois entendre comme un "cheveu sur la langue", auquel les "r" lourdement roulés contribuent. Les 'piani' aigus sonnent bien, "au-dessus" de ce léger obstacle. |
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2 K. WEILL - Trois chansons : "Je ne t'aime pas" |
Sonne toujours plus mezzo que soprano, avec une belle couleur de voix mixte. Les graves sont réussis en voix "réaliste". Même les [i] un peu pointus peuvent devenir une coloration intéressante - à condition qu'elle ne survienne pas systématiquement sur les seuls [i] ! |
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4 G. CRUMB - The sleeper : "At midnight" |
Ne chante pas par coeur et ne semble pas trop y croire. |
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1 A. DVORAK - Rusalka : "Mesicku nanebi hlubokem" |
L'émission est un peu large pour cet air. Le début 'piano' laisse dès lors passer du souffle. |
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2 E. GRIEG - Seks Sange op 48 : Zur Rosenzeit |
La mélodie choisie est dans un ton grave où la voix sonne un rien sourde et empâtée. L'allemand sonne aussi avec trop de "Umlaut", de couverture, "dans les joues". |
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1 J. OFFENBACH - La Grande-Duchesse de Gerolstein : "Ah, que j'aime les militaires" |
Imite un peu trop les excès et les faiblesses de Crespin en fin de carrière. Manque parfois d'ancrage et coince alors sa voix "dans le masque". Perd un peu le contact avec sa voix et son corps dans les passages rapides et très articulés. |
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10) Sébastien DROY, ténor |
Michèle VOISINET : piano Jérémy JOUVE : guitare Laure VOVARD : clavecin |
Professeur : Mireille Alcantara Mention obtenue : TB |
3 F. SCHUBERT - Stabat Mater D. 383 : "Ach, was hätten wir empfunden" |
Bonne carrure et ouverture thoracique naturelles. |
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1 G. ROSSINI - La Cenerentola : "Principe più non sei... si ritrovarla io giuró" |
Prend le risque d'une émission un peu directe et plate du médium, qui se trouve du coup dépourvu des harmoniques de l'aigu. Le passage entre les deux registres en est rendu un peu périlleux et l'ensemble n'a pas la couleur rossinienne que l'on attend, même si la cabalette est ensuite convaincante. |
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1 W.A. MOZART - Cosi fan tutte : "Tradito, schernito" |
Très belle couleur et meilleure homogénéité que dans Rossini. On est surpris par la facilité de l'émission, sans aucune italianité mais convenant à Mozart. |
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2 F LISZT - Les mélodies de Hugo : Enfant, si j'étais roi - Oh ! quand je dors |
Là aussi, la franchise de l'émission, aux voyelles ajustées avec continuité, convient à ce répertoire, qui a bien besoin de défenseurs et donne envie de l'entendre dans Gluck et Berlioz, dans la lignée d'un Yann Beuron. |
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1 J.P. RAMEAU - Hippolyle et Aricie : "Ah ! Faut-il en un jour..." |
Ce chanteur devrait trouver sa place dans les distributions de ce répertoire de tragédie lyrique, où la qualité de la déclamation prime sur les décibels. |
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4 G. SCELSI - Le grand sanctuaire : Il est grand temps - Même si je voyais |
Le naturel et l'apparente facilité de l'émission et de la diction séduisent toujours, ainsi que la juste et insensible modification des voyelles dans l'aigu. |
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2 R. GERHARD : La indita - El toro |
À nouveau, le naturel de l'émission et la musicalité sont confondants. |
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11 ) Amel BRAHIM-DJELLOUL, soprano |
Karolos ZOUGANELIS : piano Bastien BURLOT : guitare Benoît HARTOIN : orgue |
Professeur : Peggy Bouveret Mention obtenue : TB à l'unanimité avec félicitations du jury |
1 T. ARNE - Artaxerxes : "The soldier tir'd" |
La voix sonne d'abord un peu voilée. La voix de poitrine surtout est légèrement détimbrée. |
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2 G. FAURÉ - Prison : "Le ciel est par-dessus le toit..." |
La voix est un peu artificiellement sombrée, avec des appuis laryngés qui peuvent générer un vibrato excessif (oscillation) sur les 'forte' et les notes tenues. |
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1 F. CILEA - Adrienne Lecouvreur :"Io son l'umile ancella" |
Affaisse toujours trop le thorax et monte les épaules pendant l'expiration, ce qui soumet le larynx à une pression excessive ne pouvant être contrôlée que par le larynx lui-même et sa musculature extrinsèque puis par les articulateurs. |
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3 M. CAZZATI - Cantate morale et spirituelle : "Di sangue asperso" |
Là, sans artifice ni forçage, la voix sonne merveilleusement dans son élément. La chanteuse peut laisser s'épanouir sa belle musicalité et sa séduisante personnalité. Même son schéma respiratoire semble ici parfaitement adapté. |
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4 I. ABOULKER - L'Inconstante : "Sidonie a plus d'un amant" |
Charmante ! |
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2 F. SCHUBERT - Mignon : "Heiss mich nicht reden" |
La tonalité est plus favorable que celle de Prison, l'allemand est séduisant et le timbre agréablement fruité, évoquant le mezzo léger d'Isabelle Cals. |
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2 IDIR : Ameddyaz (le chant du poète, mélodie berbère algérienne) |
On retrouve ici parfois le léger voile remarqué au début, peut-être suscité par certains sons de la langue berbère et l'émission légère, un peu lâchée dans le sens de l'expiration, du moins en dehors des passages plus aigus et intenses. |
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2 V. BELLINI - La Ricordanza : "Era la notte" |
Dans cette mélodie, l'émission en expiration appuyée n'est peut-être pas à terme la plus saine. Davantage d'antagonisme des muscles inspirateurs pourrait être souhaitable, en conjonction avec une sensation accrue de soulèvement dans la région du voile du palais, qui permettrait de faire flotter des sons avec une moindre tension laryngée et éviterait le risque d'éraillement du timbre, déjà un peu "tiré". |
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1 L. BERNSTEIN - Peter Pan : "Dream with me" |
Très séduisant. |
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1 C. GOUNOD - Roméo et Juliette : "Je veux vivre dans ce rêve" |
L'émission franche et engagée, tranchant sur l'émission légère plus habituelle, donne à cet air une vitalité et une modernité insoupçonnées ! On en vient à imaginer une version rap ou un tube de comédie musicale sur ce thème ! |
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12) Akémi NAKAYAMA, soprano |
Cécile RESTIER : piano Mathieu GUILLEMANT : guitare |
Professeur : Mireille Alcantara Mention obtenue : AB |
3 G.B. PERGOLESI - Stabat Mater : Vidit suum dulcem natum |
Très beau. Excellent legato. |
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1 W.A. MOZART - Mitridate, re di Ponto : "Nel grave tormento" |
Blanchit parfois ses aigus en se contentant d'ouvrir davantage la bouche. D'autres fois, ils sonnent un peu criés, avec des harmoniques aigus trop favorisés. |
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2 A. ROUSSEL - Deux Poèmes chinois op.12 : Amoureux séparés - à un jeune gentilhomme |
Toujours expressive et musicienne. La voix est bien en corps, surtout pour une Japonaise ! |
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2 H. VILLA-LOBOS - Bachianas Brasileiras n° 5 |
Le conduit vocal est un peu trop serré pour le passage en bouche fermée. |
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1 A. THOMAS - Mignon : "Je suis Titania" |
Le français est toujours correct, mais quelques sons se détimbrent. |
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4 Y. MATSUDAÏRA : Koromogaé |
Pas très touchant. |
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1 J. STRAUSS - La chauve-souris : "Mein Herr Marquis" |
Excellent ! Réussit à donner avec puissance une impression de légèreté. |
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13) François LIS, basse |
Nathalie DANG : piano Cécile HARDOUIN : basson Grégorio ROBINO : violoncelle |
Professeur : Isabelle Guillaud Mention obtenue : B à l'unanimité |
1 H. PURCELL - The Tempest : "Arise, ye subterranean winds" |
Voix ample. Excellent en tous points : posture, ouverture, ancrage, gestion du souffle, legato, ouverture des résonateurs ! |
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3 H. BERLIOZ - L'enfance du Christ : "O misère des Rois" |
Superbe, ainsi que l'accompagnement au piano, basson et violoncelle. |
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2 R. STRAUSS : "Traum durch die Dämmerung" - "Zueignung" |
En voulant chanter moins fort, ligne et justesse sont un peu plus difficiles à assurer, à cause d'un soutien fragilisé et de quelques sons grossis. |
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4 M. DECOUST : "Baise m'encor" |
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1 G. BIZET - La Jolie Fille de Perth : Quand la flamme de l'amour" |
Fabuleux ! Merveilleusement joué, interprété, varié, phrasé, respiré... |
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2 F. POULENC - Chansons gaillardes : "Couplets Bachiques" |
Chante avec le même engagement que pour l'opéra et reste donc formidable. |
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1 G. ROSSINI - Le Barbier de Séville : "La calunnia" |
Excellent, malgré la note finale pas tout à fait juste. |
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14) Blandine ARNOULD, soprano |
Catherine DAIPRES : piano Grégory DEMARSY : saxophone Jean TEITGEN : basse |
Professeur : Peggy Bouveret Mention obtenue : B |
2 E. GRIEG op. 48 n° 6 : Ein Traum |
Tendue. Le phrasé est fragile et un peu haché. L'inspiration comme l'expiration sont hautes. |
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1 F. POULENC - Dialogues des Carmélites : 1er tableau, scène Blanche - le Marquis |
Cette même gestion haute du souffle fonctionne dans le grave mais pas dans l'aigu ni dans les passages soutenus, même pour traduire la fragilité de Blanche, certes bien rendue. |
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3 W.A. MOZART - Exultate Jubilate : Alleluia |
L'esprit du morceau est très bien traduit par la légèreté de l'émission, ici parfaitement adaptée. |
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1 C. FLOYD - Susannah : Air de Susannah |
Le schéma respiratoire superficiel et léger, sans antagonisme des inspirateurs, est de nouveau insuffisant pour cet air. En conséquence, la voix sonne excessivement claire et ouverte, les passages intenses allant vers le cri, au détriment sans doute aussi de la santé vocale à long terme. |
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2 H. WOLF : Er ist's - Ganymed |
Là aussi, la voix blanchit et la ligne disparaît. à moins d'une indisposition particulière aujourd'hui, c'est un mauvais choix de répertoire. |
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4 A. BERLAUD : Aussi bien que les cigales |
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2 C. DEBUSSY : Apparition |
Sur le plan de la couleur vocale, cette mélodie peut "passer" chantée de manière aussi blanche et peu vitale, mais elle a quand même des lignes, des finales et des aigus à soutenir. |
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1 G. PUCCINI - La Rondine : Air de Magda |
Aucune ligne ni rondeur ni italianité. Une fois de plus, le choix de répertoire est étrange. |
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Conclusion |
Les voix masculines ont dominé le prix cette année. Les élèves semblent avoir tous travaillé leur présence scénique et leur gestuelle et manifestent tous une grande aisance. Le travail linguistique pourrait parfois être approfondi, mais le travail musical et d'interprétation est souvent remarquable. L'opéra ne tient pas une place écrasante, mais l'oratorio est pauvrement représenté. La pièce "d'aujourd'hui" (sic !) semble souvent expédiée comme une obligation mais peut être pour certains l'occasion d'une exploration passionnante et d'un épanouissement. La langue française n'est pas spécialement mise en valeur mais est bien maîtrisée. Par rapport à ces excellents efforts et résultats, on s'étonne de constater que la posture et la respiration des élèves semblent être laissés au choix de chacun et non corrigées ni toujours adaptées aux exigences différentes de chaque répertoire. Certains ont une posture et une coordination "naturelles" excellentes et s'imposent avec évidence. D'autres semblent engagés dans des impasses où ils semblent avoir été laissés livrés à eux-mêmes. Les styles et les couleurs vocales sont remarquablement différents entre élèves. Un observateur étranger pourrait peut-être encore trouver les traces d'une "école française", mais elles sont désormais quasi effacées. Quant à associer tel professeur à telle technique, seuls les élèves de Mireille Alcantara constituaient cette année un échantillon suffisamment fourni pour permettre d'esquisser quelques hypothèses. Mais il faudrait bien sûr étudier l'évolution des élèves depuis leur entrée au conservatoire. Certains ont davantage brillé dans les productions scéniques du conservatoire que lors du prix. Certains ont fait des progrès vocaux remarquables ces dernières années. D'autres n'ont pas réalisé le potentiel qui semblait être le leur lors de leur entrée. Alain Zürcher |