Patrick Davin (dm) Cécile Roussat et Julien Lubek (ms,sc,c,l) |
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Chaque année, le conservatoire de Paris offre à ses étudiants la possibilité de jouer un opéra devant le public. Le Mariage Secret est un excellent choix dans ce cadre, qui permet d'assister à un opéra très séduisant, sans écueils pour de jeunes voix et peu monté sur les scènes lyriques.
Dirigé par Patrick Davin, l'orchestre témoigne d'un niveau formidable, tant par sa qualité instrumentale, ses phrasés et ses nuances.
Le plateau vocal est également excellent. Seule Carolina est chantée avec une émission en heller Knödel un peu étrange, qui a cependant le mérite de la distinguer parmi ses condisciples. Sa voix sonne plus ronde et ancrée dans son air du second acte, Lasciate ch'io respirì. En soeur aînée, Marie Perbost a une belle voix pleine et centrée. Blaise Rantoanina est un ténor léger solide et convaincant, très à l'aise sur scène. Le baryton de Jean-Christophe Lanièce est également très efficace dans son incarnation d'un Comte Robinson hippie. Guilhem Worms et Fiona McGown caractérisent bien leurs personnages.
Cécile Roussat et Julien Lubek apportent leur expérience du mime et du cirque. Dans les superbes lumières qu'ils signent aussi, décors et costumes reflètent leur univers. Autour d'un carrosse versé, d'un tronc d'arbre mort, d'un coffre et de quelques accessoires, le décor est ingénieusement construit pour ménager des passages et permettre des apparitions et disparitions. Les jeunes chanteurs du conservatoire, encore souples et ouverts, se sont parfaitement prêtés au jeu.
Ce jeu poussé à la caricature convient bien à l'oeuvre. Le rythme de la musique et du drame est bien géré. Le foisonnement burlesque du début se concentre dans les scènes les plus dramatiques, jusqu'à une quasi sincérité. Le mouvement de la musique est également très bien rendu par le mouvement stylisé, chorégraphié des chanteurs.
Si l'on passe le premier acte dans le rire et le plaisir, on ressent tout de même une nette baisse de tension après l'entracte. Vers la fin, la présence permanente d'un comédien sur scène commence à lasser.
Une excellente production qui dépasse largement le cadre d'un spectacle d'élèves.
À voir au CNSMDP (Salle d'Art Lyrique) jusqu'au 12 mars 2017.
Alain Zürcher