Fw: voix de poitrine/voix de tête (réponse de Bertrand Chuberre)
DE | : | Alain Zürcher |
LE | : | 02/06/2003 à 23:54 GMT |
Vous trouverez ci-dessous une copie de la réponse que j'ai reçue de Bertrand
Chuberre.
Elle laisse encore bien des choses en suspens, mais pour en discuter il
faudrait que Bertrand Chuberre s'abonne à la liste, ce que je lui ai bien
sûr proposé...
Elle confirme en tout cas mon sentiment que l'expression "registre
résonantiel" induit plus en erreur qu'autre chose, puisque les ajustements
effectués ne le sont pas uniquement au niveau des résonateurs, mais
largement au niveau de la source laryngée.
| Alain Zürcher
| L'Atelier du Chanteur
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----- Original Message -----
From: "Bertrand Chuberre" <bchuberre@xxxxfr>
To: "Alain Zürcher" <az@xxxxnet>
Sent: Monday, June 02, 2003 12:35 PM
Subject: Re: voix de poitrine/voix de tête
>
Nous ne sommes pas plus avancé avec Michèle Castellengo dans la
publication
>
d'articles car je n'ai absolument pas le temps de m'en occuper mais elle
>
reprend le flambeau peu à peu. En effet cette présentation du Lam date et
>
est surtout succinte dans le sens où elle n'est que la conclusion d'une
>
thèse de 150 pages.
>
>
Je vais essayer de répondre aux questions posées :
>
>
> Passage laryngé signifie changement de mécanisme laryngé, mais pas
>
forcément
>
> mouvement du larynx. Il peut ne s'agir que d'une modification à
>
l'INTÉRIEUR
>
> du larynx, dans le fonctionnement des muscles intrinsèques du larynx.
>
>
tout à fait c'est juste un changement du mode de vibration des cordes
>
vocales d'autant mieux géré et masqué que la technique du chanteur est
>
bonne. Il peut y avoir mouvement du larynx par adaptation des muscles
>
laryngés extrinsèques (hors cordes vocales) à une nouvelle position vocale
>
mais il y a aussi des changements de mécanisme sans mouvements du larynx.
Je
>
ne sais pas s'il y a des études sur ce sujet précis.
>
>
>
> On notera quand même que Bertrand Chuberre écrit :
>
>
>
> <<dans la voix chantée lyrique, la " voix mixte " est un "registre
>
> résonantiel" qui permet de masquer, chez la femme, le passage entre les
>
> mécanismes I et II en jouant sur la durée de fermeture, l'adduction ou
la
>
> vitesse de fermeture des cordes vocales et accessoirement sur le vibrato
>
et
>
> la forme des cavités de résonance.>>
>
>
>
> Il est étrange de dire qu'un registre résonantiel est "accessoirement"
>
> déterminé par la "forme des cavités de résonance". S'il était vraiment
>
> résonantiel, on pourrait s'attendre à ce qu'il le soit
"essentiellement"!
>
> Et jouer sur "la durée de fermeture, l'adduction ou la vitesse de
>
fermeture
>
> des cordes vocales" correspond bien à des modifications au niveau
>
laryngé...
>
> mais apparemment pas suffisantes pour être considérées comme une
>
> modification de MÉCANISME laryngé...
>
>
Le terme résonantiel n'est pas à prendre à son sens littéral de résonnance
>
mais plutôt acoustique (c'est à dire sur la qualité spectrale du son).
C'est
>
aussi pour l'opposer aux registres liés à un mécanisme propre de vibration
>
des cordes vocales appelés registres laryngés. En effet on joue dans ce
>
registre à copier les qualités acoustiques (spectrales) du registre
>
(laryngé) sous jacent ou sus jacent pour masquer le passage laryngé quand
>
il a lieu. Et en effet mes recherches ont montré qu'il y aurait des
>
ajustement qui se feraient en grande partie au niveau de la vibration des
>
cordes vocales plus que par adaptation des cavités de résonnance pour
avoir
>
l'effet recherché sur le spectre et le son mais ces ajustements se font
dans
>
UN mécanisme (I OU II).
>
Le terme est peut-être maladroit, il est plus adapté pour la couverture
des
>
sons qui associe pourtant aussi des modifications de la vibration laryngée
à
>
des changements cette fois importants des cavités de résonnance et des
>
formants. C'est le terme que nous avons pourtant retenu pour nous inscrire
>
dans le travail commencé par michèle Castellengo et simplifier la
>
terminologie.
>
>
> Il faudrait aussi mentionner les recherches de Coffin, plus ou moins
>
> prolongées et étayées par les études scientifiques de Donald (et non
>
> Richard) Miller et de Harm K. Schutte. Elles présentent bien sûr la même
>
> réalité, mais en plaçant les faits et contraintes acoustiques au premier
>
> plan, notamment la conjonction des formants vocaliques et des
harmoniques
>
de
>
> la fondamentale chantée.
>
>
>
En effet le "formant tuning" est une notion impotante pour le chanteur et
>
pas forcément pour la gestion des passages. Toutes ces notions
apparaissent
>
dans la thèse. Il se trouve que je l'ai aussi retrouvé pour la couverture
>
des sons ; par contre pour la voix mixte, les changement de position des
>
formants chez les sujets étudiés (minimes et "anarchiques") ne
permettaient
>
pas de mettre en évidence un comportement général. La forme des cavités de
>
résonnance et donc la position des formants dans mon étude est accessoire
>
dans le sens où il n'y a pas de règle générale, par contre il est bien
>
évident, que comme toujours, le chanteur joue sur ses formants pour
modifier
>
le spectre et que au cas par cas il a un rôle dans certains sons de la
voix
>
mixte mais cela semble être un élément annexe.
>
>
>
> Un point amusant est que l'on rejoint l'idée empirique évoquée par
Blivet
>
> page 118 de "la voie du chant", à savoir des registres constituées par
>
> quintes et quartes, puisque ces subdivisions sont celles de la série des
>
> harmoniques naturels (selon la notation US en vigueur : H1 fondamentale,
>
H2
>
> octave, H3 octave+quinte, H4 deux octaves, H5 deux octaves+tierce, H6
deux
>
> octaves+quinte etc.)
>
>
>
> On pourrait aussi rejoindre d'autres théories qui évoquent un nombre
plus
>
> grand de registres que ceux évoqués par Bertrand Chuberre. Par exemple,
un
>
> baryton qui a un 1er passage (en voix mixte) sur si b et un passage en
>
voix
>
> pleine de tête (voix couverte) sur mi b a peut-être aussi un passage
plus
>
ou
>
> moins conscient sur le mi b une octave en-dessous - et le mi b encore
une
>
> octave en dessous est peut-être aussi la limite de son grave, au-delà
>
duquel
>
> il serait obligé de passer en "fry".
>
>
Je ne me suis pas étendu sur tout ces "petits passages" dont certains
>
chanteurs parlent. Je pense qu'ils existent en effet, maintenant je pense
>
aussi qu'ils sont très liés aux voyelles par interraction des formants sur
>
la vibration des cordes vocales. Les passages chez l'homme (I au II et
zone
>
de couverture) semblent très liés aussi au volume des cavités de
résonances
>
et donc à la place des formants. Quant à un relation avec la série des
>
harmoniques pourquoi pas ?
>
Titze s'est aussi penché sur le rôle de la résonnance sous glottique qui
>
inhibe ou facilite la vibration des cordes vocales suivant la fréquence.
>
C'est peut-être une autre piste...
>
>
> << Pour les femmes, je ne comprends pas la différence entre le second
>
> passage et le passage II-III>>
>
>
Dans mon travail, je n'ai pas étudié le second passage chez la femme. Le
>
sujet est vaste... mais il s'agirait d'une zone de passage résonantiel
vers
>
l'aigu entre do4 et fa #4, une zone de couverture chez la femme (?), une
>
zone de préparation à la montée du premier formant, un racourcissement de
la
>
longueur des cordes vocales. Ce passage se fait en plein mécanisme II
alors
>
que l'autre est un passage ente tête(II) et sifflet (III)
>
>
>
> II-III désigne le passage de tête à sifflet, qui est aussi dans la
colonne
>
> des passages laryngés. Je ne sais pas pourquoi Bertrand Chuberre le
>
> considère AUSSI comme un passage résonantiel. Peut-être parce qu'il faut
>
> gommer le changement de timbre induit par ce changement de mécanisme...
En
>
> ce cas, il faudrait aussi définir une zone de passage... mais la voix de
>
> sifflet est peut-être un mécanisme suffisamment marginal pour que l'on
>
> n'aille pas jusqu'à ce niveau de détail...
>
>
ce passage est clairement un passage laryngé mais certaines chanteuses le
>
masquent particulièrement bien (presque invisible à l'analyse acoustique)
>
d'où le terme de passage résonantiel. En effet il y a une zone de passage
>
variable. Je n'avais que deux sujets maitrisant ce registre ce qui est peu
>
pour en tirer des généralités. D'autre part en effet même si tout le monde
à
>
la base pourrait produire des sons dans ce registre (homme compris) dans
le
>
chant il resterait marginal car utilisé par les soprano légers pour la
>
production des contre notes (ce qui resterait encore à prouver sur un
panel
>
suffisamment important de chanteuses)
>
>
>
> Pour ma part, c'est la différence entre les deux passages résonantiels
>
> suivants que je ne comprends pas :
>
> - Mixte - tête (dans le II)
>
> - Second passage (dans le II)
>
>
Mixte tête (dans le II) c'est le moment où on commence ou arrête de mixer
en
>
chantant dans le mécanisme II (voix de tête)
>
le second passage est situé une octave au dessus chez la femme en plein
>
mécanisme II (cf dessus)
>
>
>