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DE | : | Camara Marie |
LE | : | 20/09/2003 à 00:10 GMT |
Bonjour,
Pourriez-vous me préciser à quelles dires ou fait, vous faites références lorsque vous parlez de l'attitude de Miles Davis ?
Marie
----- Original Message -----
From: diane gastellu
Date: Fri, 19 Sep 2003 17:58:37 +0200 (CEST)
To: JEAN LOUIS CHEVALLIER
Subject: Re: Carmina Burana ( de Orff je suppose ?)
BRAVOJosetteJacqueline Becker <jb@xxxxasso.fr>
Date : jeudi 18 septembre 2003 13:32
En cette époque où le "politiquement correct" est à la mode, on finit par considérer comme "bon" ce qui est rempli de bons sentiments (même si c'est très mauvais) et mauvais ce qui est un peu sulfureux... (même si c'est très bon) Si l'on cloue Carl Orff au pilori, pourquoi pas Richard Strauss et bien d'autres, et Céline (qui est pourtant un des plus grands écrivains du 20ème siècle)... vous trouvez vraiment ? Moi j'ai l'impression que cette affirmation rebattue est une de ces "opinions obligatoires" qu'il est interdit de remettre en cause (sans doute parce que cela fait tellement "classe" d'être à la fois antiraciste et philocélinien ). Et je ne la partage pas, désolée. Céline me tombe des mains.Entendre Wladimir Jankelewitch déclarer qu'il a banni de sa vie la musique allemande me sidère... moi aussi... répondre au racisme par le racisme, c'est malin ! On n'est pas sorti du trou !
Et puis... s'il n'existait pas de "musique allemande", pas plus que de "littérature de femmes", de "cuisine d'hommes" ou d'"âme slave" ? D'ailleurs la notion/nation allemande est difficile à cerner. La Prusse, la Bavière, je vois. Mais l'Allemagne est une invention récente. L'empire austro-hongrois : allemand ? autrichien ? hongrois ? Mozart : allemand, autrichien, tchèque, slovaque ? Et Brahms ? Et Liszt ? Et Albert Schweitzer ? Français ou allemand ? NB : Hitler était né autrichien... d'où l'Anschluss.
En résumé, il suffit d'être "correct" et dans la mouvance pour être bon ? Faut-il (peut-on) aimer les madrigaux de Carlo Gesualdo, qui a eu tout le temps de composer ces superbes morceaux amoureux en prison, où il était pour avoir assassiné sa femme et l'amant de celle-ci ? Que faire, au-delà de la politique, quand le grand artiste se double d'un parfait abruti (je pense à Miles Davis par exemple) ?
On comprend pourquoi il y a un malaise général... je ne vois pas le rapport. Ce débat n'est pas d'aujourd'hui, la preuve : André Gide, que vous citez ensuite, a commencé d'écrire au 19ème siècle !
André Gide n'a-t-il pas écrit que "l'enfer était pavé de bons sentiments" ? C'est plutôt un proverbe (l'enfer est pavé de bonnes intentions). Gide a en revanche écrit qu'on ne faisait pas de bonne littérature avec de bons sentiments. Ce qui ne signifie pas qu'il suffise d'en avoir de mauvais p! our faire de la bonne littérature. N'est-ce pas aussi de Gide : "chaque fois que l'être humain s'est mêlé de faire le paradis sur terre, cela a toujours donné un enfer très convenable ?"
Alors désolée, j'adore "Carmina Burana", je trouve cela très beau, et pourtant est-ce bête, je suis juive... Surprenant, n'est-il pas ?
Non, pourquoi ? Et je n'arrive ni à écrire qu'une oeuvre d'art doit être appréciée indépendamment de son contexte, ni le contraire.Il y a différents degrés de lecture dans une oeuvre d'art. Sinon ce n'est pas une oeuvre d'art, c'est un tract ou un reportage. On peut lire un seul de ces degrés ou plusieurs : pour avoir dernièrement planché sur l'arrière-plan idéologico-politico-culturel de Didon et Enée de Purcell, je peux vous dire qu'il y a de quoi faire. Mais on peut entendre ou interpréter Didon et Enée en ignorant tout ça. Et c'est ce qu'on fait le plus souvent, heureusement !
Là où la prise en compte de l'aspect idéologique d'une oeuvre s'impose en revanche, c'est lorsqu'on a affaire à de l'art "officiel". Ce qui est le cas de Carl Orff, d'Arno Breker en sculpture, de Leni Riefenstahl en cinéma. Ou d'Eisenstein et Prokofiev, pour chercher des références hors Allemagne nazie. Là nous avons affaire à un art conçu pour diffuser un message politique. L'auteur a voulu porter un message, la moindre des choses est d'en tenir compte. Ce qui ne signifie pas le reprendre à son propre compte !
C'est aussi le cas pour presque toutes les oeuvres religieuses (sans faire aucun amalgame sur le fond !).
Si la littérature nous amène à des opinions plus tranchées, c'est qu'elle est faite de mots, et que ces mots ont une signification plus précise et immédiate que des sons, des formes ou des images. La littérature laisse donc un champ d'appréciation beaucoup moins large que les autres beaux-arts... sauf quand ils se mêlent de narration, comme dans le réalisme socialiste ou l'art "pompier". Mais le chant est aussi fait de mots... et j'en tiens compte.
Athée, je revendique le droit de chanter des oeuvres religieuses, mais aussi celui de refuser de chanter des oeuvres -religieuses ou pas, d'ailleurs- qui me paraissent (peut être à tort) en contradiction avec les valeurs que je défends. Il s'agit de libre arbitre et de conscience ; je n'ai pas envie qu'on me donne une règle en la matière.
On est typiquement dans un débat qui n'a pas de conclusion. Pas de vérité sans doute... pas de vérité, sans doute. (ohlàlà, ça va très fort ce soir ). C'était ma conclusion :-))))
Bonne journée.Bonne soirée à vous !
Diane Gastellu
Jacqueline Becker
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