Re: Mécanismes vocaux & dénominations
DE | : | Alain Zürcher |
LE | : | 06/03/2004 à 20:01 GMT |
Joël a écrit :
<< 1). Les chanteurs masculins peuvent-ils tous chanter en haute contre
(même si pour beaucoup/peu ce sont alors des voix extrêmement courtes allant
jusqu'à deux ou trois notes...)?
2). Existe-t-il des hommes ayant naturellement ces "trois" types de voix (je
sais, c'est une question qui sonne faux !)?
3). Les hautes contres, que l'ont entend malheureusement si peu en voix
"masculine", sont-ils tous capables de produire un son de contre ténor?>>
Anthony vous a parfaitement répondu sur la nomenclature. Il faudrait donc
corriger vos questions ci-dessous en respectant la nomenclature correcte :
1)
Devient : "... chanter en mécanisme léger" [ ou en termes plus courants "en
fausset"]
Réponse : oui, sauf fort malmenage vocal et mauvais état de la muqueuse...
mais on trouve aussi des fumeurs aux voix rauques avec forte déperdition
d'air en mécanisme I (lourd) qui conservent cependant un mécanisme II très
clair et efficace...
"deux ou trois notes" : plutôt deux octaves, ou disons entre une et deux
sans entraînement... Le mécanisme léger ne permet d'ailleurs pas de monter
significativement plus haut que le mécanisme lourd, contrairement à ce que
l'on pourrait penser... Enfin, du moins si l'aigu en voix pleine est
totalement développé.
2)
Cette question devient caduque... Je ne sais pas s'il existe un terme
particulier pour désigner un chanteur masculin utilisant son mécanisme lourd
dans le grave puis son mécanisme léger dans l'aigu. Ce terme n'est en tout
cas pas "contre-ténor".
On peut certes s'étonner que très peu de compositeurs, même contemporains,
aient demandé alternativement pour le même rôle les deux registres
masculins, qui sont pourtant tous deux si faciles et naturels, et dont la
liaison/fusion est si facile avec un peu de travail... Dans la plupart des
cas, il s'agit soit d'un rôle majoritairement en méc. I qui utilise le méc.
II à fins de caricature, d'imitation d'une voix féminine etc., ou d'un rôle
de contre-ténor dont certaines notes graves peuvent être "poitrinées" pour
obtenir un effet dramatique ou simplement les faire mieux sonner...
Au niveau des mécanismes laryngés, vous répondez vous-même plus haut à votre
question : "les deux mécanismes vocaux, lourd et léger, sont les seuls
existant". (Si l'on excepte la friture et le sifflet.) (Tiens, et peut-être
le chuchotement? N'est-ce pas un mécanisme à part?)
Sachant que les méc.I et II se recoupent largement, et qu'il est donc
possible, même en restant grossièrement dans un mécanisme donné, d'émuler
une bonne partie des qualités de l'autre (ce que d'aucuns nomment alors
"registres résonantiels", ce qui désigne notamment toutes les qualités de
"voix mixte"), on voit que chacun a toute une palette à sa disposition, que
peu de rôles hélas permettent de mettre en valeur. (Les femmes ont plus de
chance, puisqu'elles peuvent faire preuve de plus de diversité de
registration dans un même air. Mais c'est comme dans la vie quotidienne :
une femme peut s'habiller en femme ou en homme, tandis qu'un homme ne peut
s'habiller qu'en homme !)
3) Là aussi, question caduque. Mais si vous voulez entendre un contre-ténor
en méc.I, il suffit de l'écouter interviewé à la radio...
| Alain Zürcher
| L'Atelier du Chanteur
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