L'expression vomitare la voce est utilisée par l'École Italienne.
Au-delà de la simple évocation d'une générosité vocale non entravée par des resserrements du conduit vocal, l'image du vomissement peut susciter des actions réflexes fort propices à la production vocale :
Comme la toux, le vomissement connecte notre souffle, via le diaphragme et l'abdomen, à la musculature pelvienne. Un contact bas est spontanément établi, tandis que le thorax est laissé parfaitement libre.
L'image du vomissement peut provoquer un accolement particulièrement net des cordes vocales.
On veillera à ne pas l'exagérer en coup de glotte (voir l'article Attaque glottique ou soufflée).
On sera par contre sensible à la parenté de cet accolement avec celui provoqué par la friture vocale.
Mimer un vomissement déclenche une large ouverture du pharynx et de la bouche. Cette ouverture s'effectue de manière réflexe, parfaitement synchronisée avec la connexion basse évoquée ci-dessus. Elle ne doit génèrer aucune tension dans la musculature et les parois du résonateur pharyngo-buccal.
On peut penser que cet acte réflexe vise à permettre l'évacuation du vomi, mais aussi à minimiser son contact avec les muqueuses, à cause de son acidité ou tout simplement de son caractère répugnant.
L'image du vomissement rejoint donc, dans ses effets, celle de la patate chaude que certains pédagogues recommandent d'imaginer avoir en bouche quand on chante.
Comme cette dernière image, l'image du vomissement peut donc facilement conduire à des excès, notamment par un abaissement excessif de la langue dans la mâchoire et de manière générale par un durcissement des articulateurs sur des positions extrêmes. Or les articulateurs forment aussi les parois des résonateurs et doivent en tant que tels rester détendus pour préserver la qualité de la résonance comme la liberté de l'émission !
On préférera donc un "faux vomissement", où la langue s'incurve vers l'avant puis vers le bas, mais avec une courbure constamment convexe vers le haut. On peut effectuer ce type de mouvement en gardant ou non la pointe de la langue derrière et contre les dents du bas, d'abord sans son puis sur des sons neutres ou des [a], précédés éventuellement de [b], de [n] ou de [j].
Le même souci de se protéger du vomi, et ici de son odeur, provoque l'élévation du voile du palais et la fermeture du port vélopharyngé (de l'accès aux fosses nasales).
L'image du vomissement est surtout utile pour la connexion et l'arrondissement des voyelles ouvertes, en particulier [a].
On utilisera d'abord cette image dans le grave de la voix.
L'image du vomissement ne doit bien sûr pas conduire à une rentrée du ventre ni à une remontée du diaphragme, sauf ponctuellement quand on souhaite "revenir à l'expiration" après s'être trop concentré sur la part de rétention du soutien vocal.
Il ne faut surtout pas imaginer que l'on doit expulser quelque chose de son ventre. Il faut juste imaginer et mimer une envie de vomir, en supprimant ses aspects négatifs éventuels (rentrée du ventre, tension des articulateurs) et en accentuant ses aspects positifs (élévation du voile du palais, dilatation détendue du bucco-pharynx).
L'effet du "vomissement" est proche de la technique consistant à attaquer un son par en-dessous. Une fois le mécanisme compris, on minimisera l'audibilité de cette attaque !
On pourra ensuite progressivement utiliser cette image dans l'aigu.
On pourra également remplacer cette image par celle, moins extrême et plus élégante, de la "surprise heureuse" ou par celle de "faire des bulles".
"Inhalare la voce" et "bere la voce" (boire la voix) sont deux autres images, en apparence opposées à celle de "vomitare la voce".
En réalité, ces images se rejoignent. Toutes trois visent à établir une communication entre le dedans et le dehors, une ouverture détendue du conduit vocal, avec des implications supplémentaires en termes de connexion de la colonne d'air au diaphragme et à son soutien musculaire.
Le chant va naître et évoluer autour du point d'équilibre entre ces deux contraires apparents. Selon les moments, le même chanteur aura besoin d'imaginer "vomir" ou "boire" sa voix : il s'agira dans les deux cas d'équilibrer son appoggio, selon qu'il a tendance à trop avaler ou à trop pousser sa voix.