Archives de la liste Chant Mai 2003

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Re: voix de poitrine-tête

DE : Alain Zürcher
LE : 31/05/2003 à 22:48 GMT

Nicolas a écrit : << Hum...bien sûr, étant élève chez Blivet, je ne suis sûrement pas le plus objectif pour réagir ...>> Mais le mieux placé et documenté ! :-) << ... mais n'est ce pas plutôt une question de vocabulaire voix de tête/voix de fausset plutôt qu'un réel désaccord sur les modes d'émission des sons ?>> Il est vrai que sa nomenclature est déjà on ne peut moins claire ! Il en change aussi régulièrement au cours du bouquin. Ensuite, chaque paragraphe mêle allègrement des concepts qui se situent sur des plans complètement différents. Et à chaque fois qu'il écrit "donc", le novice peut se sentir rassuré en se disant "cela s'enchaîne comme une démonstration, donc c'est cohérent, ça sonne juste"... mais la plupart de ces déductions et conséquences sont des aberrations scientifiques et des passages du coq à l'âne ! Le tout saupoudré de folklore et anecdotes à la Gourret, et d'images qui nous ramènent des décennies en arrière dans la pédagogie vocale... Dans ce passage par exemple, page 135 il sort de son chapeau une "voix de tête" dont on se demande bien ce qu'elle désigne. Elle semble si caricaturale qu'on croit d'abord à une description du fausset à la Miller, mais le paragraphe fausset arrive page 137, bizarrement traduit en "whistle voice" qui désigne le sifflet, qui est un registre féminin très différent du fausset... Ce fausset-là est selon lui "du à une mue faussée", ce n'est donc pas un registre mais une tare vocale dont seraient affligées quelques personnes - les contre-ténors??? Ce fausset est "constamment enroué"? ! Il n'est pas exclu que Blivet ait tiré ces conséquences de l'étude d'un échantillon représentatif constitué de son coiffeur et de la marchande de journaux! Pour ce "fausset", le larynx est placé "excessivement haut" C'est en général la description que font du fausset les personnes qui ne le supportent ou connaissent pas. Voir Miller qui dans "Training tenor voices" répète une bonne demie-douzaine de fois "le fausset est l'imitation d'une voix féminine par un homme" !!! Bonjour les préjugés... Vennard au moins avait l'intelligence de distinguer, dans "Singing, the Mechanism and the Technic" (https://chanteur.net/biblio.htm#Vennard), deux faussets : l'un ridicule et inutilisable, celui qui sert de repoussoir aux apologues de la virilité, l'autre qu'il appelle "fausset pharyngé", qui est émis avec le larynx en position confortablement basse. La "voix de tête" de Blivet est aussi émise avec le larynx "en position haute et donc très en arrière" - un de ses fameux "donc" sans queue ni tête qui ne démontrent rien du tout ! "Voix de tête" comme "fausset" lui servent apparemment uniquement de repoussoirs, pour dire, dans le paragraphe "voix de poitrine" (page 136), qu'il ne s'agit là que de "voix mixte appuyée"... Concept qu'il semble vouloir étendre à toute la tessiture utilisable. Et pourquoi pas, on rejoint la théorie du "pourcentage" (de la proportion entre "tête" et "poitrine" qui varie continument entre le haut et le bas de la tessiture. Certes, cette théorie est invalidée par les tenants scientifiques de la séparation nette des mécanismes laryngés, mais elle est alors récupérée par le concept de "registre résonantiel", dont on peut accepter qu'il varie selon un continuum et non de manière aussi brusque que le mécanisme laryngé : c'est d'ailleurs sa fonction, puisque ces ajustements résonantiels visent à lisser le passage entre les mécanismes laryngés. On voit donc que Blivet arrive à une idée qui peut fonder une pédagogie, mais pourquoi a-t-il éprouvé le besoin d'enrober cette idée d'un tissu d'âneries? Rappelons que pour Blivet, le fausset est produit par la vibration des bandes ventriculaires, également nommées "fausses cordes vocales", d'où son nom !!! (page 128) Et le "passage" est ainsi appelé car il désigne le passage du palais dur au voile du palais (pages 112 et 114). Le voile du palais? Une "peau de tambour qui amplifie la voix" ! (page 86) L'étymologie de "contralto"? "contraire de haut" (page 123). On comparera avec Robert : de "contra", près de, et "alto". Le diaphragme? Il "descend quand les alvéoles pulmonaires se remplissent"! Un muscle inspirateur, le diaphragme? Bof, non, ce sont les alvéoles qui se remplissent... Comment? Mystère! Mais il faudrait citer tout le livre... Ce qui serait plus long que d'en écrire un... | Alain Zürcher | L'Atelier du Chanteur | https://chanteur.net
 
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