Archives de la liste Chant Janvier 2005

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RE: le latin dans l'histoire de la musique

DE : Odile Nguyen
LE : 08/01/2005 à 10:45 GMT

bonjour à tous, En tant que chanteuse amateur ayant fait du latin il y a fort longtemps, je trouve aussi pour ma part qu'il est plus facile de chanter "patchem" que "pakem", ce que j'essaye de m'expliquer ci-dessous (je demande aux spécialistes d'excuser d'avance les énormités qui peuvent être énoncées ci-dessous !...) : il me semble que l'occlusion générée par le [k] au passage de l'air dans le conduit vocal est plus postérieure que celle provoquée par le [t]: soit un passage du [a] au [k] moins immédiat pour le chanteur dans "pakem". De plus le t est ici affaibli dans son intensité par le "ch" qui suit et qui transforme l'obstacle ci-dessus en une turbulence de l'air dans le conduit vocal : le son apparaît donc plus continu, doux et "sonore" dans "patchem" que dans "paKem", ce qui laisse le choix de décider de l'effet esthétique aux interprètes et aux chefs de chants ... je n'ai pas de compétence pour expliquer la tradition artistique et lis donc vos mails avec beaucoup d'intérêt. Pour vous rejoindre sur un autre plan, ce glissement de la prononciation de "k" vers "tch" me fait penser à des évolutions diachroniques du latin vers les langues romanes, du type : ripa (latin) >rive (français actuel); là aussi l'occlusion complète de la consonne à l'intérieur d'un mot se transforme en une "friction" (et aussi une consonne sourde en consonne sonorisée) : les langues dans leur évolution au cours des siècles évoluent souvent vers plus de simplification (économie des efforts articulatoires). Le chanteur essaie sans doute lui aussi de trouver la simplicité à plusieurs niveaux, et la phonétique peut être aussi une aide pour lui. D'ailleurs, pour rejoindre ces échanges sur le latin, je travaille actuellement le stabat Mater de Pergolese, et trouve que des éclairages sur la langue latine sont extrêmement précieux de la part de mon professeur : il me fait remarquer en effet que les accents des mots latins ont été merveilleusement intégrés par le compositeur dans la mélodie vocale, d'où une répartition des prises d'air et de l'intensité qui doit normalement respecter et traduire cette expressivité de la langue. Comme quoi une langue "morte" peut encore nous aider à chanter. je vous remercie pour vos échanges qui sont très intéressants et sympathiques pour moi, et retourne dare-dare à mes révisions d'orthophonie (pour mes examens début février, râaaaahhh) A bientôt de vous lire et une très bonne année à tous, Odile -----Message d'origine----- De : Yves Ormezzano [Re: le latin dans l'histoire de la musique (Yves Ormezzano le 07/01/2005 à 18:25 GMT)