Il y a une question un peu bête qu'un élève devrait cependant se poser : "Faut-il pousser ou retenir l'air?".
Autrement dit, faut-il chanter en contraction ou en expansion, faut-il "rentrer le ventre" (et/ou la cage thoracique) ou le "pousser" en avant (et/ou vers le bas ou les côtés)?
Le professeur aura beau jeu de répondre que le chant est un équilibre, et qu'on ne saurait bien chanter en sortant son ventre ni en le rentrant. Bien des professeurs, cependant, fondent explicitement ou implicitement leur enseignement sur l'une de ces deux options.
Mais si le chant est équilibre, c'est un équilibre dynamique, c'est-à-dire à la fois :
Il faut bien "faire quelque chose". Mais il ne suffit pas de faire, il faut aussi une attitude physique et psychique : une posture et une disposition d'esprit.
La posture peut et doit être équilibrée, mais le chanteur, s'il peut être considéré comme un système stable, ne doit pas être considéré comme un système inerte.
Le chanteur doit savoir créer de légers déséquilibres, il doit savoir se lancer, donner sa voix, se déséquilibrer donc, et savoir ensuite se reprendre, se rattraper, comme un acrobate de cirque.
Donner ne veut pas dire pousser.
Simplement, par exemple, le chanteur peut profiter de l'élan de l'inspiration pour lancer sa voix : s'il conserve la position inspiratoire, il est sûr de ne pas pousser sa voix. Il conservera ensuite plus souplement l'ouverture de ses côtes, sans effort ni tension.
Le fait de ne pas dissocier inspiration et attaque constitue un risque, un déséquilibre du système : le chanteur n'a pas pris le temps de s'installer confortablement sur son souffle, ni de placer plus précisément sa voix. Mais en agissant ainsi, il a donné plus de naturel et de dynamisme à son chant.
Parmi les actions à effectuer, certaines sont nécessaires à la perpétuation de l'équilibre une fois que celui-ci a été atteint. Mais la plus grande partie sont des actions de "mise en route", faisant partie d'un gigantesque échauffement qui peut durer des années, mais qui doit progressivement se réduire à quelques dizaines de minutes tout au plus.
Si l'échauffement est de plus en plus rapide, c'est que nombre d'actions ont été assimilées et intégrées à l'attitude de départ. Cette attitude de départ est ainsi une sorte de "super-image" : de même qu'une image (comme "respirer le parfum d'une fleur") peut permettre à l'élève de résoudre tel problème précis en déclenchant les coordinations complexes requises, cette "super-image" va déclencher instantanément toutes les coordinations nécessaires à l'acte vocal.
Puisque nous sommes sur Internet, risquons la comparaison avec une configuration particulière qu'un ordinateur a sauvegardée en mémoire, et qu'il peut rappeler dès sa mise sous tension.
L'échauffement quotidien n'est plus alors un processus d'apprentissage, mais un réel échauffement sportif : musculaire et psychique.
Pour savoir comment soutenir sa voix de la manière la plus efficace, il faut revenir aux principes de l'émission vocale.