Le son (la propagation sonore dans l'espace) n'est pas une circulation d'air, mais d'ondes. Ces ondes peuvent être produites par la vibration d'une corde ou d'une simple membrane : un violon, un tambour ou un poste de radio ne souffle pas d'air pour produire du son.
L'air n'est pas un "support" nécessaire du son, qui accompagnerait celui-ci dans sa diffusion. L'air n'est que le milieu de propagation des ondes sonores.
La source sonore met en vibration l'air contenu dans la pièce, avec un affaiblissement progressif en fonction de la distance (entre autres paramètres).
Même le son d'une trompette, dans laquelle on souffle, ne nous parvient pas porté par l'air que souffle le trompettiste ! (Sinon, les concerts symphoniques créeraient de sacrés courants d'air !)
Un chanteur n'a pas plus de raisons de souffler de l'air qu'un poste de radio, mais il va par contre en perdre, puisque sa voix n'est pas produite par une membrane, ni par une corde, malgré l'appellation de "corde vocale".
Les cordes vocales sont deux rubans, séparés pour l'inspiration ou l'expiration, mais qui s'accolent pour la production sonore. Si on veut les comparer à un instrument, elles sont plus proches des anches de certains instruments à vent.
Au cours d'une phrase, le chanteur perd progressivement son air, sans que sa production sonore (quantitative ni qualitative) soit proportionnelle au volume d'air ainsi perdu.
Cette perte est occasionnée par les phases d'ouverture des cordes vocales, qui alternent avec les phases de fermeture. (Le rapport entre les deux se nomme quotient d'ouverture.)
Lors de la production sonore, les cordes doivent vibrer à la fréquence du son qu'elles émettent, c'est-à-dire s'accoler et se détacher autant de fois par seconde qu'il y a de hertz dans la fréquence du son. (Par exemple, le la du médium de la clef de sol a une fréquence de 440 hertz au diapason moderne.)
Si la fermeture des cordes vocales était parfaite, ces dernières ne produiraient aucun son : c'est le cas quand on retient son souffle en fermant la glotte.
(On peut en effet retenir son souffle soit musculairement, par l'activité des muscles inspirateurs, soit en provoquant l'accolement des cordes vocales.
Il est à noter que les exercices de tenue de souffle sont bien plus efficaces s'ils sont effectués glotte ouverte : c'est en ce cas seulement que le chanteur travaille sa musculature de soutien.
Les chanteurs ne parvenant pas à retenir leur souffle sans fermer la glotte peuvent penser qu'ils continuent à inspirer très légèrement : la musculature est ainsi maintenue en position d'inspiration.)
La formule traditionnelle veut que "la voix soit sur le souffle et non le souffle sur la voix".
Une émission audiblement mêlée de souffle est par nature inefficace, sauf recherche d'un effet expressif ponctuel. L'air qui traverse les cordes vocales sans servir à leur vibration est autant d'air perdu pour le son et risque en outre d'assécher la muqueuse des cordes vocales et de dégrader ainsi leur accolement, voire de déclencher à terme des pathologies des cordes vocales.
Deux raisons peuvent expliquer cette consommation d'air en excès :
Ces défauts ne se corrigent pas directement : on ne peut pas commander directement la configuration ni le fonctionnement des cordes vocales. Indirectement, par des images et des exercices, un travail peut être entrepris pour modifier :
Le vibrato n'est pas un facteur de perte d'air, au contraire, puisqu'il contribue à la détente et à la dynamisation des cordes vocales, donc à la conservation d'un équilibre et au contrôle de la justesse du son.
(Voir Miller p.199-214 ou Vennard p.192-208.)
Voir l'article sur la Pression sous-glottique.