Re: et le ventre ?
DE | : | Alain Zürcher |
LE | : | 01/02/2005 à 22:31 GMT |
Renaud Boutin a écrit :
<< lors de l'inspiration, au lieu de sentir mes côtes s'ouvrir, j'observe
plutôt le haut de mon ventre (au dessus du nombril, au niveau de l'estomac,
me semble-t-il) se gonfler >>
C'est le résultat de la descente de votre diaphragme, c'est normal !
<< et quand j'essaye de respirer plus bas et plus
"dans le dos", comme il convient, j'observe plutôt que ma respiration
remonte (devenant claviculaire). >>
De manière générale, dès que l'on cherche à faire exprès quelque chose, cela
produit un résultat caricatural, voire inverse ! :-)
<< Connaissez-vous des exercices spécifiques pour corriger cette double
fâcheuse tendance ? Vaut-il mieux "rentrer" mon ventre (honnête mais encore
rentrable !) ou légèrement contracter mes (rares) abdominaux ? >>
Cesser d'y penser pour un moment? Ne pas y penser indépendamment du chant et
notamment du "début de son" ou de la reprise de souffle rapide intercalée
dans un morceau? Penser à la manière dont vous reprenez votre souffle quand
vous parlez?
<< Plus généralement, qu'est-ce que change pour un chanteur le fait d'avoir
ou
non du ventre ? >>
Tout changement physique a une influence sur la voix. Même s'il n'est pas
indispensable d'avoir du ventre, si l'on perd 15 kilos, il faut réapprendre
à soutenir sa voix. Sans ventre, soutenir sa voix, voire respirer, devient
plus technique, plus conscient, au moins temporairement.
<< Est-il plus facile d'avoir une connexion basse si le centre
de gravité est plus bas ? >>
Cela donne en effet une sorte de "gravité" (sic !), de confort... La reprise
de souffle est notamment facilitée : le relâchement de la ceinture
abdominale entraîne un mouvement plus spontané et rapide vers le bas, on n'a
donc pas à y penser musculairement. Le diaphragme reste du coup aussi
spontanément plus bas pendant l'expiration chantée. La larynx donc aussi. On
se sent aussi mieux protégé contre le stress, cela fait ressentir une forme
d'inertie, voire de détente nerveuse... Enfin, c'est l'impression que
j'avais quand je chantais avec 15 kilos de plus !
<< Ou au contraire est-il indispensable d'avoir de
solides abdos (dans ce cas, je renonce - non je blague) ? >>
En tout cas pas du grand droit (les "plaquettes de chocolat"), qui sont
plutôt contre-productifs. Prendre conscience de ses grands obliques est par
contre utile.
<< Ah, et autre chose pour finir : on m'a toujours dit qu'il fallait se
stabiliser corporellement pour chanter (bien centré, bien ancré) et quand je
vois certains chanteurs, je m'interroge. Anne Sofie von Otter par exemple,
il me semble quelle n'arrête pas de se tortiller sur ses hanches : est-ce
son secret ?>>
C'est justement une manière de bien s'ancrer, non? Les dernières fois où je
l'aie vue sur scène, elle était remarquable pour cela justement. Par exemple
sur
https://chanteur.net/spectacles/20031117-TCE-Serse.htm j'écrivais :
"Après un début au vibrato un peu lent le temps de se chauffer, la voix
d'Anne Sofie von Otter est ici mieux timbrée que souvent, peut-être grâce au
déploiement de ses mouvements très personnels, ici encore plus librement que
d'habitude. Cette chorégraphie lui donne parfois des airs étranges, ni
masculins ni féminins, entre l'albatros ou le cygne de ballet et le travesti
de cabaret. Mais elle lui permet aussi, notamment dans son superbe air de
fureur du troisième acte "Crude furie", un excellent ancrage au sol et un
centrage autour de son bassin qui offre à sa voix la connexion profonde que
sa grande taille peut lui rendre parfois problématique."
| Alain Zürcher
| L'Atelier du Chanteur
|
https://chanteur.net
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