Re: Réveillons la liste !
DE | : | Alain Zürcher |
LE | : | 15/05/2007 à 18:32 GMT |
Sur la position du larynx :
Louis écrit :
la position du larynx haut est la chose la plus importante à mes yeux
pour avoir une bonne position de travail pour l'émission falsetto.
Que ce soit en mécanisme I ou II (fausset), chanter avec le larynx haut va
donner un timbre plus clair. L'émission sera plus fragile, le larynx étant
alors dans une position moins confortable, moins naturelle... À moins de
maintenir son chant dans une intensité très faible, la musculature
extrinsèque du larynx ou d'autres éléments du conduit vocal devront
intervenir pour résister à la pression sous-glottique... Rendant le chant
acoustiquement moins efficace, plus dangereux aussi pour la santé de
l'instrument...
William Vennard distinguait déjà un falsetto "pharyngé", qui serait le
falsetto émis larynx naturellement bas. Le falsetto larynx haut serait
plutôt la caricature de mécanisme inutilisable qu'utilisent ceux qui veulent
dénigrer ce mécanisme et son utilisation par les contre-ténors...
Jaroussky a une voix plus haute et légère que Scholl, il a eu une émission
très fragile à ses débuts et a bien progressé depuis, notamment sans doute
en trouvant une stabilité laryngée et une détente du pharynx propres à
rendre son émission plus naturelle et souple et son timbre plus riche en
harmoniques - mais non pas non plus artificiellement enrichi par un
abaissement volontaire du larynx...
Je doute que Scholl et Jaroussky cultivent cette position du larynx, mais
même si c'était le cas, ce sont deux chanteurs qui ont un volume sonore
assez limité par rapport à d'autres contre-ténors... S'il était vrai qu'ils
chantent "larynx haut", ce serait une conséquence à prendre en compte dans
l'évaluation de cette technique.
Pour moi, ce qui me semble le plus compliqué (car non naturel), c'est
l'endroit où on doit mixer la voix de tete et la voix de poitrine.
Surtout si vous devez passer en même temps d'une position haute à une
position basse du larynx ! :-)
Ce qui démontrerait, s'il était vrai que le mécanisme II dût s'émettre
larynx haut, l'impossibilité de mixer deux mécanismes laryngés, puisque le
larynx ne saurait être à la fois haut et bas ! :-)
Sur ce sujet de la position du larynx, Nicolas écrit aussi
sur une question qui me tarabuste en ce moment: lorsque l'on évoque le
soulèvement du voile, l'élargissement du pharynx, le soulèvement des
pommettes, je me demande si nous ne sommes pas en vérité autant sur la
recherche - ou les conséquences - d'une position optimale du larynx ,libre
entre autres choses,de basculer, que sur la création d'un espace de
résonnance.
Attention à ne pas aller trop loin dans la "fabrication" un peu mécanique
d'un espace de résonance... Notamment par toute contraction musculaire dans
cet espace, qui serait contre-productive !
Est-ce que le larynx n'est pas déjà dans une position correcte quand on
parle? :-)
(Sauf si l'on a une voix parlée caricaturale, bien sûr !)
Mais a contrario, la réflexion de Nicolas veut peut-être dire que justement,
il ne s'agit PAS de créer un espace de résonance. On garderait donc l'espace
de résonance de la voix parlée... Mais alors, pourquoi n'aurait-on pas gardé
en même temps la position du larynx de la voix parlée?
Nous en reviendrions ainsi à ma question, restée sans réponse il y a
quelques années, de ce qui distingue réellement voix parlée et voix
chantée... Différence de nature ou seulement de degré? Vibrato? Ne peut-on
avoir un léger vibrato en voix parlée soutenue? Car l'on peut soutenir sa
voix parlée, on peut déclamer, donc parler "legato", "sostenuto", on peut
gérer le souffle comme en voix chantée...
Il y a plus d'harmoniques dans la voix chantée, et réordonnés de manière
plus efficace, mieux concentrée en formants, est-ce grâce au vibrato? Le
vibrato est-il cause ou conséquence du passage de la voix parlée à la voix
chantée?
Il y a une forme de continuité en plus, un système qui s'auto-entretient
davantage en voix chantée, est-ce grâce au vibrato? L'origine en est-elle
neurologique? Quelle est la cause physique de l'impression de circulation
d'énergie accrue et plus fluide, de l'impression de "chanter avec tout son
corps", que quelque chose "tourne", "circule", "rayonne"?... Ces mêmes
sensations qui disparaissent après un repas copieux, le corps étant occupé à
digérer, le nerf pneumo-gastrique (ou quel autre?) étant occupé ailleurs...
Questions d'influx nerveux? Évoquées par Garde dans son vieux Que Sais-Je
sur la voix, jetées avec l'eau du bain de la neurochronaxie d'Husson...
Qu'est ce que déclenche la simple décision de passer de la voix parlée (ou
voix de variété) à la voix chantée (ou voix lyrique)? Bien sûr, les deux
sont très différentes dans l'aigu, mais dans le médium elles peuvent être
très proches de timbre comme de production, et pourtant elles sont
différentes...
(C'est à mon tour de mélanger beaucoup de choses ! Signe que je reste
perplexe...)
| Alain Zürcher
| L'Atelier du Chanteur
|
https://chanteur.net
Messages précédents :