Antigona
Théâtre du Châtelet • Paris • 22/06/2004
Les Talens Lyriques en résidence à Montpellier
Choeur de chambre Les Éléments Chef de choeur : Joël Suhubiette Christophe Rousset (dm) Eric Vignier (ms) Paul Quenson (c) Marie-Christine Soma (l) |
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Cette production de l'Opéra National de Montpellier, accueillie au Châtelet dans le cadre de son Festival des Régions, a permis au public parisien de découvrir une oeuvre très séduisante.
La mise en scène d'Éric Vigner en est réaliste et sobre. Les beaux décors noir et blanc au trait offrent un fond agréable qui ne détourne pas de l'action et crée un bel espace scénique. Le plateau est prolongé devant la fosse d'orchestre pour créer un espace de jeu supplémentaire bien utilisé. Les costumes eux aussi noir et blanc s'y intègrent bien et caractérisent bien les personnages.
Il résulte de cette disposition que la fosse semble plus enterrée que d'habitude, ce qui peut être préjudiciable pour un orchestre baroque. Sonnant d'abord un peu étouffés, les Talens Lyriques prennent vite la mesure du lieu et trouvent après l'entracte toute une palette de couleurs qui soutient très bien les chanteurs. Tout prend alors un tour plus dramatique, et cette tension ne faiblira plus.
Traetta apparaît alors comme un continuateur de l'opera seria par la variété des affects associés à chaque air, avec quelques belles trouvailles d'orchestration. Ce qui pouvait apparaître comme de la tiédeur ou de la mièvrerie avant l'entracte, surtout par rapport au tragique du sujet, devient une grande sensibilité. Son écriture chorale offre de belles lignes lyriques aux voix aiguës et de beaux plans sonores magnifiquement rendus par le choeur de chambre Les Éléments, d'une exemplaire clarté de timbres et d'articulation et d'une très belle musicalité.
La distribution vocale est très adaptée. Raffaella Milanesi remplace brillamment, avec sa voix très bien conduite, Maria Bayo victime d'un heureux événement.
Kobie van Rensburg dérange d'abord par son vilain timbre, mais il semble l'outrer exprès pour jouer le méchant, et trouve plus de rondeur dans son bel air de regrets du dernier acte.
Laura Polverelli et Marina Comparato sont superbes et John McVeigh est prometteur.
À voir les 24 et 27 juin 2004 au Théâtre du Châtelet.
Alain Zürcher