Expressif par sa musique, cet oratorio de Scarlatti peut justifier une mise en scène. Après l'entracte, Romeo Castellucci crée de belles images poétiques de vertes prairies bien éclairées. Il fait alors jouer, de manière perturbante et touchante, tous les rôles sur scènes par des enfants, qui ouvrent et ferment la bouche en silence, comme en playback, tandis que les solistes adultes chantent dans la fosse. La déception vient malheureusement de la fosse, où un René Jacobs, naguère si enflammé et théâtral, ce soir fatigué ou peu inspiré, dirige sans élan, dans des tempi trop lents, des airs dont il fait peu varier les reprises, lui qui faisait même orner les opéras de Mozart ! Les pâles voix choisies ne sont pas à la hauteur, n'ayant pas le rayonnement nécessaire pour emplir la salle. Olivia Vermeulen et Benno Schachtner sont clairs et touchants, mais Birgitte Christensen a une émission ampoulée incompréhensible. L'orchestration, sans doute enrichie comme à son habitude par René Jacobs, est intéressante, mais le résultat d'ensemble est maigrelet.
Il Primo Omicidio ovvero Caino ; Oratorio à six voix (1707) ;Musique : Alessandro Scarlatti ;Livret : Pietro Ottoboni ;Direction musicale : René Jacobs ; Mise en scène, décors, costumes, lumières : Romeo Castellucci ;Orchestre B'Rock Orchestra ; Avec la participation de la Maîtrise des Hauts-de-Seine / Chœur d'enfants de l'Opéra national de Paris ; Coproduction avec le Staatsoper Unter Den Linden, Berlin et le Teatro Massimo, Palerme ;Caino : Kristina Hammarström ;Abele : Olivia Vermeulen ;Eva : Birgitte Christensen ;Adamo : Thomas Walker ;Voce di Dio : Benno Schachtner ;Voce di Lucifero : Robert Gleadow