O dulcis Virgo Maria O
Abbatiale • Ambronay F • 19/09/2004
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Le programme de ce concert a été judicieusement concocté pour le festival d'Ambronay 2004, consacré à Charpentier et l'Italie. Superbement entrecoupé de deux sonates de Corelli, de dix ans plus jeune que Charpentier, il offre aussi de belles pages de son contemporain Lorenzani.
Ce concert nous a permis d'entendre les plus belles voix féminines du week-end. Si la fraîcheur peut être un atout face à certaines voix baroques plus mûres, quelque peu usées par la longue pratique d'un chant parfois maniéré, elle doit s'accompagner de rondeur vocale et de sûreté technique. Hanna Bayodi et Luanda Siqueira en ont à revendre ! La première a juste ce qu'il faut d'acidité dans un timbre très fruité servi par une émission d'un grand naturel. La seconde est toute chaleur et rondeur, sans aucun empâtement. Le motet soliste O dulcissime Jesu met magnifiquement en valeur la souplesse de son phrasé.
Edwin Crossley-Mercer va encore se développer vocalement. Une fois sa voix dégagée de toute nasalité et de l'obstacle de sa langue rétractée, il pourrait évoluer vers une tessiture plus aiguë. Son timbre sera alors plus pur et son émission plus libre.
On ne peut reprocher à nos jeunes et talentueux interprètes qu'une certaine uniformité de timbre et de phrasé. Prise isolément, chaque pièce est superbe, mais tout le programme reste dans la même nuance et la même couleur. Les chanteurs sont toujours bien sonnants mais l'expérience leur enseignera à s'éloigner de l'unique couleur la plus efficace sans pour autant détimbrer et mettre leur instrument en péril. C'est sans doute aussi à Patrick Cohën-Akenine de les y inciter.
Alain Zürcher