Saint François d'Assise
Opéra Bastille • Paris • 06/10/2004
Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris
Chef des choeurs : Peter Burian Sylvain Cambreling (dm) Stanislas Nordey (ms) Emmanuel Clolus (d) Raoul Fernandez (c) Philippe Berthomé (l) |
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L'opéra de Paris a réuni une superbe distribution pour cette reprise du Saint François d'Assise d'Olivier Messiaen. La mise en scène nouvelle de Stanislas Nordey, particulièrement sobre, permet de se concentrer sur la musique et le texte. C'est un magnifique exercice d'immobilité pour les chanteurs, qui passent tout leur temps debout les bras ballants, bien campés sur leurs jambes.
José Van Dam assure toujours remarquablement le rôle qu'il a créé il y a plus de vingt ans. à ses côtés, on remarque en particulier le brillant ténor de Charles Workman et le solide baryton de Brett Polegato.
Roland Bracht campe un Frère Bernard très juste, et l'émission claironnante de Chris Merritt est bien adaptée aux récréminations du lépreux.
Le français de tous les chanteurs est excellent, mais le retour des surtitres après leur longue panne de la première partie et du début de la deuxième permet cependant de se détendre en se concentrant moins sur la compréhension du texte et davantage sur son sens et sa mise en musique. Les sons diffusés dans la salle, trop forts, empêchent aussi de comprendre les paroles.
L'ange de Christine Schäfer touche à la perfection, avec une émission à la fois pleine et droite, si une telle alliance peut exister !
La métamorphose la plus étonnante vient de l'orchestre, où les timbres disparates et les phrasés décousus de la création se fondent maintenant en un ensemble chatoyant et mouvant, parfois presque post-romantique !
L'oeuvre a été donnée en trois parties séparées par deux entractes. La durée de l'oeuvre, l'extrême lenteur de la déclamation et le minimalisme de la mise en scène permettent de passer six heures hors du temps.
La première partie, d'emblée abstraite, a été rendue plus sombre par les décors et costumes et encore plus ardue par l'absence de surtitrage. Après cette première partie parfois aussi ennuyeuse qu'une messe mais mieux bercée par la musique et n'obligeant pas à se lever de son fauteuil, la scène du lépreux, plus concrète, passe mieux. La scène des oiseaux, donnée à la fin d'une seconde partie de plus de deux heures, paraît trop longue. La nouvelle réalisation des sons électroniques ne permet pas, dans cette scène, de retrouver la poésie ressentie lors de la création de l'oeuvre. La dernière partie est enfin prenante et presque enlevée, malgré les duretés sonores de la scène des stigmates.
La mise en scène, humainement juste, fixe sur la rétine et dans la mémoire quelques images fortes marquées tout autant par les décors - pour une fois, on pourrait utiliser sans prétention ridicule le terme de "scénographie" !
Chanteurs et chef ont naturellement été applaudis, metteur en scène et décorateur hués.
Alain Zürcher