Un récital de pur bonheur ! Juan Diego Flórez fait goûter le plaisir rare d'un timbre naturel aucunement forcé ni trafiqué. Il a, comme très peu, la sagesse de ne pas outrepasser pas les limites de son type vocal. Son émission est libre, ses voyelles sont magnifiquement définies, son timbre est rayonnant et solaire, ses aigus ne sont jamais trop couverts ni bien sûr criés, son français même est d'une clarté stupéfiante !
L'Orchestre National de France et le choeur de Radio-France offrent un écrin de luxe à ce joyau vocal. Les tempi alertes et la finesse de nuances demandés par Enrique Mazzola s'accordent pleinement avec la voix du ténor péruvien.
Le petit air du Signor Bruschino "Deh, tu m'assisti amore" suffit à Juan Diego Flórez pour se mettre en voix, avec des sons pris par en-dessous, des voyelles un peu brutes et un timbre pas encore tout à fait dégagé. Dans "La speranza più soave" de Semiramide, sa voix est déjà épanouie et ses aigus faciles. Il tire parti de la présence du choeur pour offrir "Cessa di più resistere" du Barbier.
Après l'entracte, "È serbato a quest'acciaro" des Capuleti de Bellini met encore mieux en valeur la rondeur de sa voix et la qualité de sa ligne vocale. "Una furtiva lagrima" de L'Elisir d'Amore est sublime. Dans un style diamétralement opposé, "Allegro io son" de Rita est très réussi. Dans "Ah, mes amis" de La Fille du Régiment, il n'a aucune peine à faire entendre un français parfait (hormis deux ou trois é trop fermés au début) et à enchaîner les contre-ut.
En bis, Juan Diego Flórez a offert l'air avec choeur de Ramiro de la Cenerentola, "Dolce speranza", "La donna è mobile" et Granada d'Agustin Lara. La salle comble n'a pas boudé son plaisir !
À écouter le 25 novembre 2004 à 20h sur France-Musiques. à voir ultérieurement sur Arte.
Alain Zürcher