Écoutes de Spectacles

La Dame de Pique

 • Paris • 31/05/2005
Orchestre et Choeurs de l'Opéra National de Paris
Maîtrise des Hauts-de-Seine
Choeurs d'enfants de l'Opéra National de Paris
Chef des Choeurs : Peter Burian
Gennadi Rozhdestvensky (dm)
Lev Dodin (ms)
David Borovsky (d)
Chloé Obolensky (c)
Jean Kalman (l)
Youri Vassilkov (chg)
Hermann  :  Vladimir Galouzine
Comte Tomski  :  Nikolai Putilin
Prince Eletski  :  Ludovic Tézier
Tchekalinski  :  Vsevolod Grivnov
Sourine  :  Sergei Stilmachenko
Lisa  :  Hasmik Papian
La Comtesse  :  Irina Bogatcheva
Pauline  :  Christianne Stotijn
Macha  :  Irina Tchistjakova

Une fois perdu le frisson de la nouveauté que l'on pouvait ressentir en 1999 lors de la création parisienne de cette production, et avec l'hystérie ou l'engagement moindre de ses acteurs, il ne reste à cette mise en scène de Lev Dodin que l'ineptie.
Le troisième acte, quand Hermann sombre réellement dans la folie, est paradoxalement dépouillé de ses fous errant en camisole et autres clichés d'asile. Un certain sens dramatique s'en dégage. Mais auparavant, le spectateur en est toujours réduit à imaginer, à la lecture des surtitres, ce qui est censé se passer et dans quel cadre, quels personnages sont censés être sur scène et se voir ou non.

Ce non-sens dramatique est chanté par un magnifique plateau vocal.
La voix de Vladimir Galouzine s'est beaucoup épaissi depuis 1999. Il a perdu ses harmoniques "de tête" de l'époque, mais a conservé son émission "volcanique" et son legato, et acquis une robustesse qui en fait un Hermann moins déchiré mais toujours impressionnant.
Ludovic Tézier est royal et son timbre s'allie bien avec celui de Galouzine.
Nikolai Putilin a une très bonne voix.
Vsevolod Grivnov est léger et assez vilain de timbre mais correct dans son rôle. Sergei Stilmachenko est par contre bien fade.
Christianne Stotijn est superbe, ainsi qu'Irina Tchistjakova.
Irina Bogatcheva a une bonne présence.
Hasmik Papian a de beaux médiums mais crie ses aigus.

Le livret est certes d'un romantisme ridicule. La musique regorge de longueurs que la mise en scène ne rend que plus assommantes. L'oeuvre semble souvent n'être qu'un prétexte à enchâsser les chansons et mélodies dans lesquelles Tchaikovski excellait.
Choeurs et orchestre sont heureusement excellents. Quelques jolies mélodies et les belles couleurs boisées de l'orchestre de Tchaikovski permettent d'endurer l'oeuvre, comme les excellents chanteurs permettent de se passer de mise en scène.