Assise sur un haut tabouret de bar, Salomé Haller semble avoir voulu retrouver l'esprit de la créatrice de l'oeuvre, Albertine Zehme, "diseuse" de cabaret berlinois. Elle utilise sa voix en une riche palette mais aussi les expressions de son visage et quelques gestes. Son Sprechgesang est moins déclamé et moins poitriné que souvent. Il est plus léger, aérien, parfois chuchoté, toujours dans un beau legato, avec à peine quelques accrocs dans les changements de registre ou de timbre.
Sa voix est hélas couverte par les cinq membres de l'Ensemble Intercontemporain, empêchant de suivre toutes les paroles si on ne les connaît pas d'avance par coeur. Le piano est en effet très sonore par rapport à la dimension de la salle et les instrumentistes sont disposés juste derrière elle sur la scène. Il en résulte aussi un rendu très analytique des parties instrumentales, qui ne se fondent guère et ne soutiennent pas du tout la poésie diaphane dont Salomé Haller semble vouloir nimber son interprétation. Si elle-même se fond, par son faible volume sonore relatif, dans l'ensemble instrumental, il n'en résulte hélas pas de fusion de l'ensemble des interprètes. Une recherche à poursuivre donc.
Alain Zürcher
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