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L'Opéra de Massy a réuni dans un ambitieux programme deux oeuvres très différentes du début du XXe siècle. Il est étonnant d'entendre à quel point elles peuvent faire sonner différemment le même orchestre et la même salle. Pour Erwartung, tendu dans l'aigu à l'orchestre comme vocalement, cette acoustique paraît trop dure. La voix d'Hélène Bernardy sonne légère, peu ancrée pour ce rôle très dramatique mais pas forcément hystérique. L'oeuvre en elle-même peut pourtant offrir plus de rondeur dans la puissance, comme c'était le cas au Châtelet en 1995, où elle était chantée par Anja Silja et mise en scène par Klaus-Michael Grüber.
L'orchestre et la salle transmettent par contre toute la profondeur de l'oeuvre suivante, Le Château de Barbe-Bleue de Bela Bartok. Sans doute moins innovante, cette dernière oeuvre n'en est pas moins plus riche et plus profonde, offrant des atmosphères plus contrastées et une remarquable profondeur psychologique. La distribution réunie est la meilleure dont on puisse rêver au niveau international. Willard White est à la fois imposant et touchant. Nora Gubisch éclaire de touches naïves sa voix corsée et homogène. On ne regrette que l'absence de surtitrage pour cette oeuvre au texte si important.
Alain Zürcher