Écoutes de Spectacles

Ben Heppner C

Salle Pleyel • Paris • 08/12/2006
Orchestre Philharmonique de Radio France
Myung-Whun Chung (dm)
Ben Heppner, ténor

Que de chemin parcouru depuis que Myung-Whun Chung dirigea la Walkyrie de Wagner en version de concert avec ce même Orchestre Philharmonique de Radio France, bien avant d'en prendre la direction en 2000 ! Wagner est devenu bien plus familier à l'orchestre, même s'il lui apporte toujours une clarté particulière des plans sonores et des lignes mélodiques. La passion est toujours au rendez-vous pour Tristan et Isolde en deuxième partie, et bien sûr de bout en bout la qualité instrumentale.

L'orchestre entre en matière avec une superbe ouverture de Tannhaüser, formant une arche bien construite malgér une partie médiane un peu plus confuse. Le prélude de Parsifal, allant et presque trop bien portant, présente une très belle cohérence des voix secondaires, si importantes pour l'épanouissement de la musique de Wagner.

Dans le début piano de "In fernem Land" de Lohengrin, la justesse est délicate à assurer pour Ben Heppner. Quelques voyelles s'ouvrent et perdent leur "focus", mais il se rattrape vite avec des "Gral", "Krone" et "Ritter" qui semblent tous haut placés sur la voyelle "i", avec ce tranchant si caractéristique du Heldentenor. "Mein lieber Schwan" est d'abord attaqué par en-dessous et avec un souffle trop large. La suite de ce chant reste assez congestionnée. "Nur ein Waffe taugt" de Parsifal est mieux assuré.

Ce concert vaut surtout pour sa deuxième partie qui enchaîne le prélude de Tristan, "Dünkt dich das?" et "Isolde kommt !" avec un engagement dramatique constant de bout en bout. Si Ben Heppner n'a plus le timbre solaire d'un Lohengrin plus tendu dans l'aigu (qu'il chante pourtant encore plusieurs fois sur scène cette saison), le Tristan du troisième acte lui va comme un gant. L'échange est du coup beaucoup plus fructueux avec l'orchestre, chacun soutenant, entraînant et valorisant l'autre. La profondeur de timbre et de phrasé est communicative !

Après ce marathon vocal, Ben Heppner trouve encore la force d'offrir en bis le Preislied des Meistersinger, à nouveau plus exigeant dans l'aigu.

Un Tristan d'anthologie à écouter le 18 décembre 2006 à 20h sur France-Musique.