Il n'y a rien à ajouter à une telle perfection orchestrale. On a l'impression d'entendre ces oeuvres par l'orchestre idéal dans la salle idéale. La nouvelle salle Pleyel a en effet une clarté acoustique parfaite pour la musique française. à la baguette, Matthias Bamert remplace Armin Jordan décédé en septembre 2006 pour diriger ce court programme tel qu'il l'avait conçu. Beau programme qui fait se succéder quatre oeuvres de durée équivalente : en première partie le lumineux Festin de l'araignée composé en 1912 par Albert Roussel est suivi de la Péri de Paul Dukas, composée l'année suivante; après l'entracte, l'ouverture de féérie Shéhérazade, écrite en 1898 par Maurice Ravel, précède le cycle de mélodies du même nom, écrit quatre années plus tard. Plus connu, ce dernier est à la fois plus "ravélien" et plus influencé par Debussy.
L'Orchestre Philharmonique de Radio-France déploie une féérie de timbres individuels dans une magnifique transparence et une clarté de lignes remarquable. Il offre en dernière partie un écrin idéal à Anne-Sofie von Otter. Chez celle-ci, on ne regrette que l'intensité sonore relativement faible. Peu à peu plus à l'aise, elle séduit par son français exemplaire et son phrasé. Sa prestation devrait être remarquable lors de la diffusion sur France-Musique, qui règlera la question de l'équilibre entre la voix et l'orchestre.
Alain Zürcher