Boris Godounov
Opéra • Massy • 08/03/2007
Orchestre de Massy
Choeur de l'Opéra-Théâtre Hélikon de Moscou Chef de choeur : Denis Kirpanev Dominique Rouits (dm) Dmitri Bertman (ms) Igor Nezhny (d) Tatiana Tulubieva (c) Damir Ismagilov (l) |
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La troupe de l'opéra-théâtre Helikon de Moscou passe une bonne partie de son temps en tournée. En France, c'est à Massy qu'il faut aller voir ses deux spectacles : Boris Godounov et Lady Macbeth de Mzensk. L'orchestre reste celui de l'opéra de Massy, et il est toujours excellent. Dominique Rouits choisit des tempi assez lents et très stables, qui permettent au drame de se dérouler de manière implacable. Dans cette salle de taille raisonnable et d'acoustique très directe, il manque parfois juste une possibilité de distance, de profondeur retenue, comme le développement de "lames de fond" orchestrales que peuvent offrir la Bastille, Covent Garden ou le Metropolitan. Une fois posées ces limites, cette production tire le meilleur parti des moyens à sa disposition.
Les choeurs comme les solistes d'Helikon sont excellents. Seuls les deux enfants de Boris sonnent un peu fragiles - sans pour autant être suffisamment juvéniles. L'école russe séduit par sa solidité vocale, sans le grossissement caricatural qu'on lui associe encore spontanément.
Maria Maskhuliya est une accorte aubergiste, après laquelle Marina paraît un peu fade. Vadim Zaplechny campe bien son personnage, comme Sergey Toptygin qui s'impose physiquement en Rangoni. Alexandre Kisselev est un très bon Boris, malgré les fortes attentes que l'on a dans ce rôle, déjà incarné par tant de chanteurs immenses. Pimène, Varlaam et Missail sont bien campés.
Scéniquement, on est touché par une certaine gaucherie de mouvement, combinée avec une volonté "démonstrative" qui paraît un peu naïve et datée mais n'est pas moins intéressante que l'ironie post-moderne occidentale.
Le décor est conçu pour être efficace : des gradins métalliques à claire-voie permettent aux personnages de se déplacer dessous comme dessus, et une partie mobile peut basculer de chaque côté. La cellule de Pimène et du faux Dimitri est ainsi figurée. Au milieu des gradins, une petite plateforme peut monter et descendre en glissant sur des rails. Elle est intelligemment utilisée, par exemple pour figurer la tour du rêve du faux Dimitri, où quand Marina fait "descendre" l'innocent sur la plateforme au moment de sa chanson. Plus discutable, innocent et faux Dimitri ne font qu'un... Vocalement, Nikolay Dorozhkin semble d'abord avoir le timbre plus corsé du faux Dimitri, mais caractérise finalement très bien l'innocent. Le décor unique ne permet sans doute pas non plus à un public profane de comprendre les situations sans lire le programme.
À voir à l'opéra de Massy les 9, 10 et 11 mars. Puis la même troupe présentera Lady Macbeth de Mzensk de Chostakovitch les 15, 16 et 18 mars.
Alain Zürcher