Violeta Urmana R
Salle Pleyel • Paris • 20/05/2008
|
Violeta Urmana a offert Salle Pleyel un récital d'excellente tenue. Tout au long d'un très ambitieux programme, elle a manifesté une homogénéité vocale et une solidité technique à toute épreuve. C'est moins étonnant si l'on sait qu'elle a réussi, au cours des dernières années, à passer des emplois de mezzo-soprano à ceux de soprano dramatique. Elle y est parvenue sans jamais se retirer des scènes, et par un travail technique extrêmement rigoureux. Elle aborde ainsi ses aigus avec une émission très concentrée, tout en continuant à déployer de beaux graves, qu'elle n'élargit jamais. D'une telle rigueur résulte une émission remarquablement stable sur une tessiture étendue.
La seule contrepartie est une grande uniformité de timbre et une sobriété qui peut lasser. Elle trouve cependant des couleurs variées pour peindre les atmosphères volontairement contrastées des Lieder de Strauss qui ouvrent la seconde partie de son récital. Si elle enchaîne le sublime "Befreit" et un "Zueignung" dont elle respecte les nuances, elle a la sagesse d'inclure aussi des Lieder plus légers comme "Wir beide wollen springen" ou "Mit deinen blauen Augen".
Aussi à l'aise en allemand qu'en russe, elle donne même en bis "Violon" de Poulenc, qui par sa souplesse de ligne peut convenir à sa voix. La dernière partie de son programme offre un échantillon des rôles de soprano italiens qu'elle interprète maintenant sur scène. Le style de Puccini, ou ce que l'on imagine qu'il doit être, lui fait un peu appuyer et surarticuler son médium dans "Vissi d'arte". Leonora de La forza del destino et Gioconda s'inscrivent parfaitement dans sa vocalité.
En troisième bis, Violeta Urmana a manifesté une proximité étonnante avec la langue et le style espagnols, dans un air où, d'après l'excellent pianiste Jan Philip Schulze, un jeune couple serait perturbé par des moustiques !
Alain Zürcher