La Colombe
Péniche Opéra • Paris • 21/01/2009
Christophe Manien (piano)
Mireille Larroche (ms) Dorian Astor (dr) Alexandre Heyraud (d) Danièle Barraud (c) |
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Après son programme Massenet, la Péniche Opéra poursuit son intéressante exploration du répertoire d'opéra comique français du XIXe siècle. La Colombe est une pièce musicalement intéressante, aux jolies mélodies que l'on fredonne en sortant et que l'on aimerait bien réentendre. Le livret en est également bien construit. Finalement, seul son format réduit explique peut-être que cette oeuvre ne soit jamais montée ! Elle requiert de vrais chanteurs, notamment pour les rôles "lyriques" de Sylvie et Horace. Mazet et Jean pourraient être des chanteurs de "demi-caractère", mais tous doivent être de bons acteurs.
C'est encore plus vrai dans l'espace réduit de la Péniche, et dans la version modernisée par Dorian Astor et Mireille Larroche. La Péniche est aménagée en longueur, ce qui renforce encore la proximité avec le public. Les dialogues nouveaux sont peut-être ce qui marche pour l'instant le moins, mais ils se roderont certainement au fil des représentations ! Les mots anglais intercalés par les visiteurs urbains tombent pour l'instant à plat. Les lumières pourraient être moins crues et les costumes ne fonctionnent pas totalement - sauf le désopilant tee-shirt "faucheur d'OGM" de Mazet ! Le décor évoque quelques décennies de luttes anti-nucléaires et autres, sans que cela soit autrement utilisé dans le livret. Les dialogues deviennent plus naturels quand l'action progresse, mais on garde l'impression d'une adaptation et d'une mise en scène restées à mi-chemin entre une option respectueuse et une option plus déjantée. Le couple "urbain" Sylvie-Jean semble flotter entre le XVIIIe et le XXIe siècle, sans exister réellement dans aucun des deux.
La jolie voix bien émise de Dorothée Lorthiois, déjà appréciée lors de sa sortie du Conservatoire en 2006 lui permet de triompher des difficultés de son rôle. Vanessa Le Charlès, qui a bien évolué depuis sa sortie du Conservatoire la même année, caractérise très bien son personnage. Elle trouve pour son air "Oh les femmes" une intéressante variété de timbres.
Pierre Espiaut a aussi toutes les qualités, encore un peu vertes, pour un personnage qui prépare idéalement aux rôles lyriques plus lourds de Gounod ou Massenet. Ses airs, aux titres aussi évocateurs que "Ô vision enchanteresse" ou "Ô pauvreté funeste", réussissent à combiner le plaisir du pastiche et une réelle séduction au premier degré. Il en maîtrise bien l'émission mezza voce. Johann Le Roux a une émission directe et naturelle, qui reste parfois un peu trop "brute" dans le haut médium. Les ensembles sont vocalement et musicalement superbes. L'acoustique ce soir assez sèche (à cause de la moquette-gazon et de la scène en longueur?), si elle ne flatte pas les voix, permet d'apprécier ces ensembles avec une grande clarté.
À voir jusqu'au 14 mars 2009 à bord de la Péniche-Opéra.
Alain Zürcher