Anders J. Dahlin (Jélyotte) C
Opéra Comique • Paris • 31/03/2009
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Anders Dahlin est un ancien joueur professionnel de hockey sur glace... non, un talentueux jeune ténor aigu qui a, privilège de cette tessiture rare, déjà chanté avec les plus grands chefs baroques et tenu les premiers rôles de plusieurs tragédies lyriques. Il est donc parfaitement indiqué pour rendre hommage à Pierre Jélyotte, né en 1713 et créateur de trente-six ouvrages de ses contemporains. Rameau composa pour lui, entre autres rôles, celui de Platée par lequel Anders Dahlin et les Talens Lyriques concluent leur concert.
Ce programme a permis d'entendre rien moins que cinq ouvertures d'opéras de Rameau, interprétées avc un bonheur croissant par les Talens Lyriques. Au début de l'ouverture d'Hippolyte et Aricie, il est dommage que les violons se privent du plaisir de tenir leurs notes. Ce jeu un peu sec, ces lignes courtes mais souvent épaisses sont un choix récurrent de Christophe Rousset, presque la signature de son ensemble. Manquant aussi de lignes et de finesse, l'introduction de l'air "Plaisirs, doux vainqueurs" devient beaucoup plus souple quand elle est reprise après le chant, et Hippolyte et Aricie se conclut par une souple et belle chaconne. Même dans les Tambourins des Indes Galantes, mouvements vifs et rythmés, l'orchestre ne semble pas exprimer totalement le caractère de ces pièces. Il n'est jamais aussi net et franc qu'il pourrait l'être. Faute de qualité instrumentale, musicale, d'élan collectif ou simplement de répétitions? En bis, il donne un air de Zoroastre superbe de concentration, ce qui n'est pas étonnant puisqu'il l'a joué jusqu'avant-hier ici-même.
Anders J. Dahlin a une émission vocale claire, parfois presque parlée, qui ne se timbre et vibre un peu qu'en montant dans l'aigu. Sa respiration engage souvent les épaules et pourrait donc être plus basse. Magnifique dans le grand air de Castor "Séjour de l'éternelle paix", il chante même le rôle titre de Platée, qu'il a tenu sur scène, sans aucune caricature ni outrance de timbre. En deuxième bis, il est présent et physiquement bien connecté dans l'air de Dardanus "Lieux funestes", mais cet air requerrait un médium plus timbré pour dominer l'orchestre.
Le français d'Anders J. Dahlin, en diction moderne, est excellent. La technique vocale et le style de Pierre Jélyotte resteront quant à eux à jamais un mystère.
Alain Zürcher