Israel in Egypt O
Théâtre des Champs-Élysées • Paris • 19/10/2009
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Deux parties seulement ce soir pour cet oratorio, privé des Lamentations des Israëlites sur la mort de Joseph dont Haendel les avait fait précéder pour la création de l'oeuvre en 1739. L'oeuvre y gagne certes en cohérence, et la soirée reste assez riche en beautés musicales !
Si le plateau de solistes est plutôt faible, ce n'est pas grave, car le choeur est le principal protagoniste de cet oratorio. Arsys Bourgogne est au niveau des tout premiers choeurs de chambre européens, cela semble reconnu par la critique à chaque fois qu'elle se déplace ou écoute ses enregistrements, et certainement par le public qui a la chance d'assister à ses concerts. Le rayonnement médiatique de cet ensemble ne semble pas au niveau de sa qualité, mais c'est une autre histoire ! Arsys Bourgogne fête les 10 ans de sa création, c'est le moment de les découvrir ! Le programme de ce soir, que l'on pourra entendre sur France-Musique, fera également l'objet d'un enregistremment. Arsys Bourgogne interprète aussi un répertoire plus contemporain, comme en témoigne Hymne à la nuit qu'il créera prochainement en tournée.
Pierre Cao de même est surtout connu et respecté comme pédagogue. C'est bien sûr un immense chef de choeur mais aussi un grand chef d'orchestre ! L'intelligence de sa construction d'Israël en Égypte le prouve : merveille d'équilibre et de variété, sa direction ne lasse jamais, alors qu'elle n'a recours à aucun effet racoleur. L'ensemble Concerto Köln, lui aussi un des meilleurs interprètes de son répertoire, semble adhérer au naturel et à l'honnêteté fondamentale de cette interprétation. Il y apporte un ensemble parfait et des couleurs elles aussi fondues et équilibrées.
James Oxley assume la seule partie soliste importante avec une émission très directe, efficace pour ce rôle de narrateur. Les deux basses convoquées pour chanter leur unique duo s'en sortent certes très bien, mais on se demande s'il ne serait pas possible, pour des interventions aussi courtes que celles-ci ou celles des sopranos, de les confier à des membres du choeur? Robin Blaze est peut-être malade ce soir, du moins on le lui souhaite, car l'accolement de ses cordes vocales est très défectueux.
Les chanceux choristes de Pierre Cao savent chanter avec vigueur sans jamais forcer, comme ils savent conserver un tempo lent toujours nourri et intéressant. Ses sopranos ne sonnent jamais "tiré" dans l'aigu, ses basses ont des graves superbes... Les parties à deux choeurs, où chaque pupitre entre de plus séparément, du moins pour un des demis-choeurs, permettent d'entendre la clarté, l'homogénéité et la précision de ces pupitres de trois voix chacun. Une merveille !
À écouter le 3 novembre 2009 à 20h sur France-Musique.
Alain Zürcher