Aller-retour & Le long dîner de Noël
Péniche Opéra • Paris • 21/10/2009
Lionel Peintre (dm)
Mireille Larroche (ms) Dorian Astor (dr) Francesca Bonato (chg) Alexandre Heyraud (sc) Danièle Barraud (c) Michel Theuil (l) |
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Qui a dit que les chanteurs n'étaient pas des musiciens? Comme d'autres avant lui, Lionel Peintre prend ce soir la baguette pour diriger deux courts opéras de Paul Hindemith. L'Orchestre imaginaire de vents et piano est efficace pour traduire cette musique avec un effectif réduit. Si Hindemith lui-même a arrangé Hin und zurück pour neuf instruments, c'est Lionel Peintre qui a réduit Le long dîner de Noël pour le même effectif. Il signe aussi l'excellente traduction française des deux ouvrages, fort appréciable sur une péniche où la mise en scène est déjà un tour de force, et où il serait donc difficile d'afficher en plus des surtitres ! L'excellente diction des chanteurs et l'exiguïté du lieu permettent de comprendre toutes les paroles sans problème, fort heureusement car elles contribuent pour une bonne part au plaisir de ces pièces.
Situés aux deux extrémités de la carrière de Paul Hindemith, ces deux opéras sont rapprochés ce soir par l'effectif instrumental et les interprètes vocaux qu'ils partagent. Tous deux sont fondés sur des livrets conceptuellement originaux : Hin und zurück fait se dérouler une histoire banale en avant puis en arrière, avec un réemploi musicalement peu fascinant des mêmes phrases simplement enchaînées en sens inverse, là où une construction en miroir aurait été potentiellement plus excitante. Das lange Weihnachtsmahl fait se succéder des extraits de 90 dîners de Noël successifs dans une famille de l'Ouest américain. Naissances et disparitions (par la porte du fond) se succèdent. Les mêmes comédiens peuvent ainsi incarner deux membres de la famille à une ou deux générations de distance. Les moeurs évoluent depuis l'austérité protestante initiale jusqu'à la génération rock n' roll brillamment incarnée par Nicolas Gambotti. "Que voulez-vous, de la cuisse, du blanc?" demande inlassablement le maître de maison.
La mise en scène de Mireille Laroche est efficace : surjeu clownesque à nez rouge pour la première oeuvre, entrées et sorties ritualisées pour la seconde. Francesca Bonato rythme tout cela en femme de chambre ou en nurse poussant les bébés sur scène dans des landaus blancs (à double capote pour les jumeaux), mais aussi en chorégraphe et vidéaste. La vidéo présente un prévisible mais intéressant contrepoint d'images d'archives.
À voir en création française le 16 octobre 2009 au théâtre de Fontainebleau et du 19 au 23 octobre 2009 à 20h30 à bord de la Péniche-Opéra.
Alain Zürcher