Athalia O
Théâtre des Champs-Élysées • Paris • 02/12/2009
Paul Goodwin (dm)
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Comme Racine, Haendel fait succéder Athalia à Esther. Grâce au douteux talent de son librettiste Samuel Humphreys, il n'y reste cependant plus grand chose de la tragédie racinienne. Pour ajouter à l'étrangeté de cette oeuvre, Joad chante la moitié de son rôle en italien. Ses airs tant anglais qu'italiens sont dans une veine metastasienne qui n'apporte strictement rien à l'action. à ses côtés, Mathan chante dans un style qui évoque Purcell, quoique son air principal soit introduit par des cordes tout-à-fait vivaldiennes. Le cauchemar de la Reine, qui pourrait glacer et captiver, est entrecoupé de mélodies bucoliques par le choeur et Mathan. Au début du troisième acte, Joad saisit avec son "What sacred horrors", avant de poursuivre en italien après une courte intervention du choeur ! Il n'y aurait pas grand chose à changer pour tirer de cette Athalia sa propre parodie ! Aucun équilibre entre les personnages, Joad et Josabeth monopolisant la scène tandis qu'Athalia comme Abner ne sont esquissés que par deux ou trois courtes interventions. Aucune tension dramatique, aucun suspense, l'oeuvre flotte dès le départ dans un océan de béatitude que rien ne pourra troubler. L'enfant Joas lui-même est si certain de la protection divine qu'aucune crainte ne peut l'effleurer. Enfin, Haendel s'octroie un vrai concerto pour orgue pour terminer la soirée en beauté !
D'une oeuvre à ce point hétéroclite et bancale, Paul Goodwin arrive cependant à construire un concert efficace. Sous sa baguette, le Kammerorchester Basel sonne plus rond, plein et fondu mais aussi plus précis qu'il y a deux semaines dans Ezio. Le rôle important du choeur est excellemment tenu par le Vocalconsort Berlin, au son direct et plein et à l'ensemble parfait.
Lawrence Zazzo est une nouvelle fois superbe. Nuria Rial est par contre nettement sous-dimensionnée pour le rôle de Josabet. Son anglais n'est pas non plus d'une clarté exemplaire. Si Charles Daniels peut à la rigueur encore incarner un prêtre de Baal, on regrette de ne pas entendre davantage David Wilson-Johnson, royal dans ses quelques répliques.
Alain Zürcher