Ein deutsches Requiem O
Théâtre des Champs-Élysées • Paris • 09/12/2010
Orchestre National de France
Choeur de Radio France Chef de choeur : Matthias Brauer Hartmut Haenchen (dm) |
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En première partie, Haydn ne sert que de faire-valoir, joué de manière très lisse mais avec un clavecin comme clavier, dont la partie très pauvre et non ornée se superpose étrangement aux instruments modernes. Cette symphonie 44, au matériau musical pauvre, sonne fort peu "funèbre", avec juste un vague sentiment d'urgence en premier et dernier mouvement, et un adagio plus "galant" que tragique. Étrange couplage, vite balayé par le Requiem de Brahms.
Peut-être le choix de Haydn annonçait-il la sobriété qui caractérise l'interprétation de Brahms par Hartmut Haenchen? Interprétation semble d'ailleurs un mot inadéquat, il s'agit d'une lecture, d'une transmission, non pas froide mais vécue avec sincérité, sans effets. Les fugues des numéros 3 et 6 sont d'ailleurs d'une clarté limpide, et l'architecture d'ensemble très claire.
Si l'ONF présente là aussi le son un peu lisse qui ennuyait dans Haydn, le choeur est superbe. Christiane Oelze a la tâche difficile de se lever et d'attaquer "Ihr habt nun Traurigkeit", ce qu'elle réussit avec une grande pureté. Elle a eu il est vrai la prudence de se conserver discrètement en voix en profitant des interventions des sopranos pendant les numéros précédant son entrée. Dans son air, elle prend le parti de la rondeur, ce qui lui fait un peu perdre de précision d'articulation. Thomas Johannes Mayer a lui une émission bien concentrée. Son interprétation semble cependant plus vocale que ressentie, et l'assise rythmique de son premier air n'est pas parfaite. Mais c'est déjà un Wotan et un Amfortas, tandis que Christiane Oelze a pu être appréciée à Paris dans les Noces et La Fiancée Vendue.
Alain Zürcher