Die schweigsame Frau
Opernhaus • Zurich • 23/12/2010
Orchestre de l'Opéra de Zurich
Peter Schneider (dm) Jonathan Miller (ms) Peter J. Davison (d) Sue Willmington (c) Hans-Rudolf Kunz (l) |
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Il y a peu de choses à dire d'une production où tout semble couler de source. Tant la direction de Peter Schneider, la mise en scène de Jonathan Miller et le décor de Peter J. Davison nous transmettent l'oeuvre de Zweig et Strauss avec un naturel qui les font oublier. Costumes et lumières sont tout aussi réussis.
Chez Sir Morosus, une bibliothèque, quelques souvenirs de navigation, au fond un escalier menant à une mezzanine. Décor unique sinon qu'Aminta entreprendra de le révolutionner après s'être fait (faussement) épouser par Sir Morosus en tant que Timidia, "femme silencieuse". C'est en effet une telle femme que souhaite épouser Sir Morosus, qui ne supporte pas le bruit. Aminta est en réalité la femme d'Henry, neveu de Sir Morosus, qui revient au foyer accompagné de la troupe d'opéra qu'il a rejoint. Pour faire accepter Aminta à Sir Morosus, et surtout pour ne pas se faire déshériter au profit d'une future épouse, Henry doit, avec l'aide du Barbier, convaincre Sir Morosus d'épouser Aminta-Timidia, en un simulacre de mariage qui sera ensuite annulé par un simulacre de divorce, après que Timidia se sera opportunément transformée en mégère. L'histoire peut paraître compliquée mais est en fait très bien construite par Stefan Zweig, en qui Richard Strauss a trouvé un digne successeur de Hugo von Hofmannsthal. Tant la structure dramatique que la qualité littéraire du livret sont excellentes. Mais il est déjà connu des spectateurs parisiens, puisque cette oeuvre a été accueillie au Châtelet en 2001.
Le premier acte est particulièrement comique et excessif. Strauss l'a truffé de citations de Mahler, Wagner ou lui-même. On entend passer les spectres de "Um Mitternacht", du prêche de Saint-Antoine aux poissons, du Tambour, de Fafner et bien d'autres, en attendant la pompe anglaise de l'entrée du Lord Chief Justice et de ses acolytes au troisième acte. L'orchestre excelle à traduire cette ironie, comme Kurt Rydl, idéal Sir Morosus sonore et sympathique, et Oliver Widmer, tout aussi idéal barbier flûté, clair de timbre comme de diction. L'ensemble est très tonique mais sans confusion. Hormis quelques aigus féminins criards dans le premier ensemble des comédiens, les prestations de chacun sont remarquables. Ofelia Sala remplace Elena Mosuc au pied levé, mais on ne l'aurait pas deviné sans l'annonce qui en est faite. Peter Sonn émet sans problèmes les longues phrases lyriques de son rôle. Une complète réussite parfaitement idiomatique.
À voir jusqu'au 8 janvier à l'Opéra de Zurich.
Alain Zürcher