La Voix Humaine
Théâtre de l'Athénée • Paris • 10/02/2011
Pascal Jourdan (piano)
Vincent Vittoz (ms) Amélie Kiritzé-Topor (sc) Sylvie Ayrault et Christel Desjardins (c) Roberto Venturi (l) |
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Si Poulenc a écrit La Voix Humaine pour Denise Duval, son oeuvre trouve un demi-siècle plus tard en Stéphanie d'Oustrac une interprète idéale. C'est aussi une grande comédienne pour le monologue tiré du Bel indifférent de Cocteau. Personnalité incandescente, elle incarne ces trois femmes avec une intensité et une justesse hypnotisantes. Vocalement, on la retrouve en grande forme, avec une émission plus haute, plus sur "i". Ce placement n'est en rien pointu ni nasal, mais s'inscrit dans un schéma vertical toujours extrêmement ancré et connecté. Il donne à ses aigus un tranchant et une liberté nouvelle, et à toute sa voix des harmoniques très efficaces. Le même engagement viscéral et le mordant du texte caractérisent Stéphanie d'Oustrac depuis sa brûlante Médée de Thésée de Lully en 1998. Elle trouve ce soir à chaque instant l'intonation juste, le phrasé le plus adapté. Sa diction parfaite ne laisse le doute que sur un ou deux mots au cours de la soirée.
Vincent Vittoz a été très bien inspiré par son interprète, et le décor unique d'Amélie Kiritzé-Topor fonctionne bien. Des tissus peints tombent des cintres, Stéphanie d'Oustrac chante La Dame de Monte-Carlo à mi-hauteur, d'abord derrière un voilage, puis ne quitte plus le sol pour La Voix Humaine.
À voir au Théâtre de l'Athénée jusqu'au 13 février 2011.
Alain Zürcher