Ali Baba
Théâtre de l'Athénée • Paris • 27/04/2011
Petits Chanteurs Strasbourg - Maîtrise de l'Opéra National du Rhin
Ensemble orchestral du Conservatoire de Strasbourg Vincent Monteil (dm) Markus Bothe (ms) Alexandre Corazzola (d) Sabine Blickenstorfer (c) |
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Instrumentistes du Conservatoire de Strasbourg et jeunes chanteurs de l'Opéra Studio de l'Opéra National du Rhin réunis dans un spectacle destiné aux enfants : l'Athénée prépare l'avenir ! L'opéra pour enfants est d'ailleurs la nouvelle vocation de l'Opéra Studio, ce qui n'est pas idiot, puisque les oeuvres suffisamment courtes et simples pour être montées par de jeunes chanteurs pendant leurs études sont sans doute aussi suffisamment courtes et simples pour plaire à des enfants.
Comme ce n'était pas le cas de l'oeuvre originelle de Cherubini, celle-ci a été réduite d'une bonne moitié ainsi que réorchestrée, ce qui lui permet d'être jouée dans la petite fosse de l'Athénée mais ne nous donne qu'une vague idée de l'opéra de Cherubini. L'histoire, quoiqu'un peu trop condensée vers la fin, conserve cependant sa logique. Le décor se concentre sur l'élément principal du conte : la caverne. Un plateau incliné et bosselé peut en effet être ouvert comme un écrin grâce à un système de vérins. Cela fonctionne, à l'exception de l'enfermement d'Ali Baba dans la caverne qui n'est pas bien rendu. Une simple toile percée forme un fond de nuit étoilé très efficace. Un crocodile se promène de ci de là, offrant une dose d'absurdité plus ou moins judicieuse, mais dévore quand même au passage le papier où Ali Baba a noté la formule magique.
Les quarante voleurs sont très bien joués et chantés par les enfants de la Maîtrise de Strasbourg. Leur avancée dissimulés dans les sacs de café offre une scène plaisante. Le rôle de Thamar est également tiré du côté bouffe, avec une crédibilité moyenne. Aboul-Hassan est plus réussi en inspecteur Clouseau de la Panthère Rose, avant de réapparaître en gendarme bien de chez nous !
Les solistes de huit nationalités prononcent tous un bon français, un peu "creusé" vers le grave par Dimitri Pkhaladze et les voix de l'Est ! Le risque principal, pour ces jeunes chanteurs, est sans doute de viser le son le plus ample possible, pour dominer l'orchestre et leurs collègues plus ou moins bien lotis par la nature, mais aussi pour correspondre à leur propre idéal intérieur d'un son "d'opéra". John Pumphrey place et appuie un peu trop son émission. Émilie Brégeon a des facilités, qu'elle peut mieux ancrer et concentrer en développant aussi sa personnalité vocale. Les voix graves masculines sont belles, avec Yuriy Tsiple à la voix sombre mais pas trop grossie, présentant aussi un bon métal. Jean-Gabriel Saint-Martin a un grave plus clair, sonore et naturel. L'émission d'Eve-Maud Hubeaux est bien centrée et incarnée, en parfaite adéquation avec son tempérament de mezzo.
À voir au Théâtre de l'Athénée jusqu'au 30 avril 2011.
Alain Zürcher